MONROE ❖ dirty little secrets always come out.

septembre 2001

Et Dieu séchera lui-même toutes les larmes de leurs yeux, et de mort il n'y en aura plus aucune, et de cris il n'y en aura plus aucun, et de peine il n'y en aura plus aucune car l'ancien monde aura totalement disparu.

J'arrivais à la caserne, mon sac sur le dos et le sourire aux lèvres. C'était une bonne journée. Elle avait bien commencé. J'entrais alors dans la salle commune où mon humeur joyeuse se fit rapidement remarqué. « Alors le bleu, on est de bonne humeur ce matin ? » Je tournais mon visage vers mon collègue et lieutenant sans rien ajouter. « C'est parfait, tu vas pouvoir me faire un café ! » Je serrais les dents et les poings. Étant le petit dernier de la caserne, le bleu de service, j'étais la boniche de ces messieurs. Ça ne me plaisait pas mais si je devais faire mes preuves et avoir leur respect c'était l'unique moyen d'y parvenir afin de faire véritablement parti de la caserne. « T'inquiètes, Monroe. Ça passera. Ils font ça à tous les nouveaux et, pour le moment, t'es le seul à avoir tenu aussi longtemps. » J'adressais un léger sourire à la demoiselle et me dirigeais avec elle vers la cuisine pour préparer le café. « Et ça va durer encore longtemps ? » Lui demandais-je finalement. « Ton supplice ne devrait pas tarder à prendre fin. Ça fait combien de temps que t'es avec nous ? Plus d'un an, non ? » J'acquiesçais d'un signe de tête. « Oui, donc la fin est proche. Et s'ils te charrient autant, faut que tu saches que c'est parce qu'ils t'apprécient beaucoup. Mais ça, ils ne te l'avoueront jamais. Leur fierté en serait touchée. » Je riais légèrement, versant dans un mug ce délicieux nectar noir que je servais presque immédiatement. « Flash spécial. » Je restais prêt de la télévision, debout à attendre les nouvelles du jour. « Un avion détourné vient de percuter une des deux tours jumelles du World Trade Center à Manhattan, ce matin à 8 heures 46 précisément. » Je me laissais tomber sur le canapé. Tous les pompiers venaient d'être appelé pour assister à ce spectacle atroce. « Personne ne sait encore ce qu'il se passe mais les dégâts semble très important et le haut de la tour est isolé du reste. Et... Attendez ! Un autre avion vient de percuter la deuxième tour ! Des cris résonnent partout autour de nous. Les deux tours ont été touché ! Les pompiers vont tenter de monter pour sauver les victimes des WTC ! » Nous étions tous silencieux, les yeux rivés sur l'écran de télévision.

Je sortais immédiatement le téléphone de la poche de mon uniforme et m'écartais de mes collègues sans dire un mot. Je tentais d'appeler mes parents, ma sœur ou mon jeune frère sachant qu'ils vivaient à New York et ignorant leur situation quand les attentats commencèrent. J'étais inquiet et personne ne répondait. Les lignes étaient saturées. « PUTAIN ! » Je balançais mon téléphone de la pièce. Il se fracasse contre le mur et tous les autres me regardèrent, interloqués par mon comportement violent. Je quittais alors la salle commune et m'isolais dans le vestiaire où je terminais de m'habiller pour ma garde. « Je suis désolé pour toi, gamin. » Mon lieutenant m'avait rejoint sans que je ne l'entende arriver. Je ne disais rien et n'exprimais aucune émotion. J'étais silencieux et indifférent, attendant que le pire survienne. Je préférais rester de marbre et espérer le meilleur tant que je n'avais pas de nouvelles. « Courage, le bleu. On est tous avec toi, tu sais. Et on te laissera pas te morfonde tout seul comme ça. On est une famille ici et une famille s'entraide. » Je portais mon regard sur mon supérieur. Lui qui était si ingrat plus tôt se révélait être un homme remplit de compassion. Je le respectais pour ça. « Merci, mon lieutenant. » « Allez, viens. On va rejoindre les autres. » Je me levais du banc et retournais dans la pièce principale. La plupart me serrèrent la main ou m'enlacèrent pour me soutenir dans cette épreuve difficile. Mais, on ne put s'attendrir plus longtemps que la sirène retentit. Le boulot commençait. On courrait alors tous en direction des camions, enfilant nos uniformes jaunes avant de partir pour le front. « On a quoi cette fois-ci ? » Le lieutenant se retourna vers nous et son visage trahissait l'ampleur de l'accident. « Un troisième avion vient de percuter le Pentagone. » Il n'avait pas besoin de rajouter un mot. Je regardais un à un mes collègues et nous étions tous déterminés à sauver le plus de vie. Nous étions les 11 septembre 2001 et il était 9 heures 38 quand Washington entra, elle aussi, dans l'histoire de cette horrible journée.

décembre 2012

On dit que certaines vies sont liées à travers le temps, unies par un ancien appel qui résonne au cours des siècles. Le Destin.

« Allez les mecs, on se bouge ! » Hurlais-je dans l'immeuble en feu. Nous avions un travail à faire. Sauver des vies. Et je comptais bien accomplir mon devoir. J'étais lieutenant de cet équipe du Squad et je voulais montrer que j'en avais où il faut pour ce grade. Avec force et détermination, je franchissais les obstacles. Mes collègues me suivaient. Une femme et ses deux enfants étaient enfermés au deuxième et dernier étage selon les quelques informations que nous avions. J'y arrivais justement. « Y'a quelqu'un ?! » Au loin, j'entendais des cris, des étouffements. La fumée était danse, noir, suffocante. J'accélérais le pas et me dépêchais. Je défonçais la porte de tout mon poids et pénétrais dans la pièce. Je les trouvais à terre. J'attrapais le plus jeune des enfants, relevais le deuxième avec mon autre main et me dirigeais vers la sortie quand je me retrouvais à terre sans comprendre pourquoi. J'avais toujours le gamin dans mes bras et je le donnais à l'un de mes partenaires. Je tentais de me relever mais mon pied était coincé dans le parquet qui venait de se briser sous mon poids. « Ça va aller, Monroe ? » « T'inquiètes, sors les gamins et leur mère. Je vous suis. » Je me retournais, sortant ma cheville de cette galère. Cependant, le pire arriva et la poutre enflammée qui se dressait au-dessus de ma tête tomba sur moi. J'hurlais de douleur. Ma jambe était cette fois-ci brisée, retournée. Je ne savais pas. J'ignorais l'ampleur de la blessure et savais simplement qu'il m'était impossible de m'en sortir seul. J'attrapais ma radio. « Les mecs, je suis coincé au dernier étage. Un pilier vient de me tomber dessus. Je crois que je me suis pété la jambe. » « On arrive, mec. Tiens le coup. »

« On est là, Monroe. » Je les regardais d'en bas, pour une fois qu'ils étaient plus grands. Je grimaçais de douleur. J'avais essayé de me dégager. En vain. J'avais tenté de pousser la poutre enflammée. En vain également. Je n'avais pas assez force, ni même l'angle  nécessaire pour le faire. « Et la famille ? » Demandais-je immédiatement. « Elle est sauve, t'inquiètes pas. On est là pour toi. » « Ok. Super ! Alors soulevons ce pilier et dégageons de là avant que tout s'effondre ! » Un, deux, trois. Premier essai. La poutre bougea mais ne se souleva pas assez pour que je puisse glisser et me dégager. Un, deux, trois. Deuxième essai. Elle s'éleva mais par manque d’appui mais deux partenaire furent obligé de la reposer au sol une seconde plus tard. Un, deux, trois. Troisième essai et le pilier fut enfin soulevé assez longtemps pour que j'arrive à me glisser sur le parquet. C'était chaud. Il faisait chaud. Au-dessus de nous, les flammes prenaient de plus en plus d'ampleurs. Sur nos radios, le chef nous ordonnait de déguerpir au plus vite. Avec l'aide de mes deux collègues, je me relevais. Appuyé sur leur épaule, nous traversions et descendions les étages à toute vitesse malgré les flammes et les débris sur notre route. « Allez, allez, allez ! » Nous accélérions notre cadence. Je sautais uniquement sur une jambe, porté par les deux autres pompiers de mon équipe. La douleur n'était pas importante, l'adrénaline du moment la réduisant à néant. Notre objectif était de sortir d'ici vivant pour que tout se termine bien. J'apercevais alors la lumière du jour. La porte nous faisais face. Nous accélérions une dernière fois et sortions brusquement de l'immeuble qui s'effondra derrière nous. Nous nous écroulions au sol. Je criais à nouveau. Je constatais alors l'étendu de ma blessure. Quelques brûlures et égratignures ainsi qu'une fracture ouverte. Mon tibia ressortait de ma jambe. Et ça saignait. Ça saignait énormément. Les secouristes se jetèrent sur moi. Je me retrouvais rapidement avec un garrot et dans l'ambulance, shooté à mort par la morphine qu'on m'avait donné.

avril 2014

Courage et dévouement. Sauver ou périr. Courage et dévouement. Sauver ou périr. Courage et dévouement. Sauver ou périr.

Je courrais dans les couloirs de l'hôpital. J'avais reçu un appel plus tôt dans la journée et j'avais filé à toute allure dans mon pick up jusqu'ici. Appel de phare, klaxons, j'avais traversé la ville à toute vitesse pour parvenir au centre hospitalier dans les plus brefs délais. Je n'avais rien dit à personne. J'étais simplement parti de la caserne, oubliant de me changer et de prendre mes affaires. Je m'étais garé comme un con, délaissant mon véhicule devant l'entrée pour me ruer vers les urgences. « Valentine. Jacob Valentine. Il est où ?! » Hurlais-je envers l'infirmière qui s'occupait des entrées à l'accueil des urgences. Je bouillonnais intérieurement. L'appel reçu m'avait totalement retourné, déstabilisé que je pourrais m'en prendre à n'importe qui. Je frappais d'ailleurs du poing sur le bureau. « Calmez-vous, monsieur. Qui êtes-vous ? » Je passais mes main dans les cheveux, me retournant une fois pour ne pas m'énerver d'avantage. « Monroe Valentine. Je suis son frère aîné. »  « Suivez-moi. » Le regard de la soignante changea. « Le médecin va vous recevoir. » Je bombais légèrement le torse. Cette annonce me rendait nerveux mais je ne laissais rien paraître. Trop fier pour émettre la moindre appréhension en cet instant. J'entrais dans la pièce et l'urgentiste ne tarda pas à arriver. « Bonsoir, monsieur Valentine. Je suis le docteur Byrne. » Je lui serrais la main. « Si vous pouviez vous asseoir, je dois vous parler de votre frère. » Je le regardais, lui lançant un regard noir. De part mon uniforme, il savait que je n'étais pas un faible rigolo qui ne supporterait pas la nouvelle. J'étais un membre du squad et je pouvais encaisser bien plus que n'importe qui. « Dites-le moi. Allez-y. » « Votre frère est décédé suite à ses nombreuses blessures. Nous n'avons pas pu le réanimer à son arrivée aux urgences. Je suis vraiment désolé. » La tristesse me traversait. La colère grimpait et j'envoyais valsé d'un geste de la main la carafe qui me faisait face.

« Vous êtes prêt ? » Je fis un signe de tête au médecin légiste. Après avoir appris que mon frère était mort, qu'il avait été assassiné dans les rues de Washington et qu'en plus je devais identifier son corps, je me retrouvais dans les sous-sols de l'hôpital devant ce corps sans vie et ce drap recouvrant son visage. Je prenais un grand bol d'air malgré l'espace confiné de la pièce. Je fermais les yeux et j'entendais le légiste soulevait le drap. Je n'osais les rouvrir mais j'étais obligé. Je devais l'affronter. « Je vais vous laisser un instant. » Je n'affichais rien. Aucun sourire, aucun remerciement. Je m'avançais juste vers le corps de mon frère et posais une main sur sa tête. Je le regardais. C'était lui. C'était bel et bien malgré le tout petit espoir qu'il soit encore en vie quelque part. Les larmes me montaient mais je ne pleurais pas. Je faisais demi-tour et frappais seulement contre le mur pour laisser échapper ma tristesse et cette colère qui m'animait. Puis je retournais vers lui, soulevant un peu plus le drap blanc afin d'observer ces blessures. Le médecin revint à ce moment. « Que faites-vous ? » Me demanda-t-il, probablement surpris. « Je...j'avais besoin de savoir. Pour moi. Je devais le voir. »

« T'as ce qu'il faut pour moi ? T'as mes anti-douleurs ? » Demandais-je à mon dealeur qui était spécialement venu chez moi pour m'amener la commande que je lui avais donné quelques jours plus tôt ici, dans mon salon. Il sortit alors les boîtes de comprimés. J'étais à sec depuis la veille et l'effet de manque s'en faisait ressentir. J'en avalais un directement sous le regard amusé du jeune homme qui prenait ses aises sur mon canapé. Il en avait l'habitude. « Et pour le paiement ? » Je me retournais dans sa direction. Il souriait. Moi aussi. Je connaissais ses pensées en cet instant. Je m'approchais alors de lui, retirant mon tee-shirt sur le chemin. Je m'asseyais sur le canapé et l'attrapais dans mes bras pour l'embrasser langoureusement. Mes lèvres glissaient le long de sa nuque, caressant sa peau avec délicatesse et savoir-faire. Je le soulevais alors, l'installant à califourchon sur mes cuisses. Je lui retirais son haut et embrassais du bout des lèvres son torse avant de revenir vers son visage. « J'espère que le paiement pourra attendre... » Lui susurrais-je dans le creux de son oreille, tout en déboutonnant son jean pour pouvoir passer une main dans son boxer et ainsi caresser ses fesses avec tendresse. Mais subitement, je me levais et le portais entre mes bras. Je lui faisais une démonstration de force en l'amenant jusque dans ma chambre. De là, je le balançais sur le lit, lui retirais son pantalon et venais à sa rencontre après avoir retiré le mien sous lequel j'étais entièrement nu. Notre soirée pouvait enfin commencer. Ma blessure était loin et j'en oublierais presque le décès de mon cadet pendant quelques heures. Les drogues faisant leur effet, je profitais de la nuit qui s'offrait à moi pour me couper de la réalité et ainsi me forger un monde dans lequel le sexe était la seule chose qui m'importait.