nothing is what it seems (griffith)

vingt et un ans + Tu étais aujourd’hui dans ta troisième année à l’université. Tu n’étais pas encore en école de droit, tu n’avais pas le droit d’y accéder avant tes quatre années de licence que tu devais décrocher avec les meilleurs résultats possibles. Heureusement, tu n’avais aucun problème d’intelligence ou de travail. D’ailleurs, tu étais à la bibliothèque avec ton meilleur ami Marc depuis plusieurs heures à travailler sur des cas pratiques que tu avais réussis à te procurer grâce à quelques billets verts que tu avais donné à des premières années de l’école de droit. Tu voulais en savoir plus que les autres, ça avait toujours été comme ça. « Mec, faut vraiment que t’arrêtes, tu feras ça quand tu seras à l’école de droit. » Tu souris à ton meilleur ami qui te tendait un paquet de gâteaux. Lui aussi voulait entrer à l’école de droit mais il était beaucoup moins stressé que toi face à cet optique. « Pourquoi perdre du temps ? Je suis au point pour notre partiel d’histoire, ça me ferait mal à la tête de remettre mon nez dedans. » Marc leva les yeux au ciel avant de dire : « Rappelle-toi que tout le monde n’a pas ta mémoire Appleby. D’ailleurs, ton téléphone sonne tu devras décrocher. » Tu attrapais ton téléphone et quand tu vis un numéro inconnu tu fronçais les sourcils. Qui cela pouvait bien être ? Tu décrochais et on te dit : « Monsieur Appleby ? » Cela sentait l’appel formel. « C’est lui que puis-je faire pour vous ? » Tu entendis du remue ménage derrière lui avant qu’il ne te dise : « Votre femme va être amenée en salle d’accouchement dans quelques minutes, elle désire votre présence. » « Je serai là. » Te contentas-tu de dire en fermant ton téléphone. Gabrielle allait accoucher ! Tu n’en croyais pas tes oreilles ! Elle avait quelques jours de retard et commençait à désespérer surtout depuis qu’elle ne pouvait plus aller en cours. Elle voulait devenir journaliste et tenait absolument à faire des études même si elle ne travaillerait pas plus tard ce qui risquait fort d’être le cas. Mais vous trouveriez un compromis. Tu te mis à ranger frénétiquement tes affaires. « Euh mec, tu vas bien ? » tu avais oublié Marc pour le coup, trop perturbé par ta femme en train d’accoucher. « Bouge tes fesses, Gaby accouche et j’ai pas de voiture, on prend la tienne ! » Quelques secondes plus tard vous courriez vers la voiture et tu ne comptais pas le nombre de dépassement de vitesse que vous avez fait sur cette route de l’hôpital. Une fois à l’intérieur du bâtiment, tu laissais Marc dans la salle d’attente avant de rejoindre Gaby qui avait un peu commencé. « Tu as toujours aimé te faire attendre Appleby. » Te dit-elle complètement essoufflée. Tu déposais un baiser sur son front avant de prendre sa main et de lui dire : « Que veux-tu ? Ca fait partis de mon charme ! » Elle ne te répondit pas car une autre contraction vint couper ses paroles. L’accouchement se passa merveilleusement bien, du moins ce fut ce que les infirmières te dirent. Ils prirent votre petit trésor pour des examens alors que Gabrielle était ramenée dans une chambre pour se reposer. Tu la suivis car on te dit qu’on t’amènerait la petite quand elle serait prête. L’infirmière ne tarda donc pas à revenir et elle posa la petite dans les bras de Gabrielle. « Elle est parfaite Griff, réellement parfaite. » Elle l’observa encore un peu avant de lui donner à manger avec l’aide de l’infirmière. Plusieurs minutes plus tard, Gabrielle te dit : « Je vais me reposer, prend-la, elle va pas te manger. » Tu attrapais ta fille, ta fille rien qu’à toi et tu la regardais avec des yeux remplis d’étoiles. Elle était magnifique et elle était à toi. Tu regardais Gabrielle avec un regard rempli d’amour et d’affection alors qu’elle s’endormait et puis tu entendis la porte de la chambre s’ouvrir. Marc ne tarda pas à rentrer et vint voir ta petite fille. « Tu as bien travaillé Appleby, il n’y a pas de doute. Elle a un nom ta princesse ? » Te demanda-t-il en ne la quittant pas des yeux. Gabrielle et toi vous aviez décidé de son nom depuis bien longtemps … « Phoenix Andorra Appleby. » Dis-tu tout simplement. Marc releva alors les yeux avant de te demander : « Je peux la prendre ? » Tu la lui tendis sans hésiter parce que tu avais entièrement confiance en ton meilleur ami. « Bonjour Phoenix, dis bonjour à tonton Marc. » Tu ne pus t’empêcher de laisser échapper un petit rire, ta vie prenait une voie qui commençait à te plaire.

vingt-sept ans + Tu montais deux à deux les marches du Palais de Justice. Tu étais avocat depuis quelques temps maintenant et c’était un lieu que tu connaissais très bien. Tu avais un stagiaire avec toi qui avait suivi le dossier et aujourd’hui il fallait plaider. Tu faillis ne pas entendre ton téléphone sonner mais c’est toujours en grimpant les marches que tu décrochais. « Appleby, je vous écoute. » La voix qui te parla ensuite te semblait être sortie d’un film et tu t’arrêtais sur place. « Monsieur Appleby … Je suis content que vous décrochiez, j’ai quelque chose qui vous appartient. » Tu entendis du bruit dans le combiné et puis un minuscule : « Papa ? » Tu sentis ta respiration s’accélérer, tu sentais que tu perdais tous tes moyens. Ils avaient ta fille, ta fille chérie … « Qu’est-ce que vous voulez ? Pourquoi prendre ma fille ? » Ta fille avait aujourd’hui six ans, elle avait un frère Miles qui avait trois ans et une petite sœur Cameron qui avait un an. Et pourtant, c’est à ton aînée qu’ils s’en étaient pris. « Parce qu’elle vous est chère et que c’était une proie facile. Ce que je veux ? Vous le saurez assez tôt. » Dit-il avant de raccrocher. Tu étais là, planté au milieu du Palais désert, la séance devait être sur le point de commencer. « Monsieur, tout va bien ? » Tu regardais le stagiaire comme s’il était sorti de la planète Mars. Ah oui, le procès … « Ecoute moi bien. Tu vas monter les marches, tu vas dire au juge que je ne peux pas être présent aujourd’hui, ma fille vient de se faire enlever. Qu’il reporte le procès, je confierai le dossier à un collègue. » Tu connaissais le juge, c’était un ami de Marc et tu savais qu’il comprendrait. Tu te mis à courir mais dans le sens inverse cette fois. Tu composais le numéro de téléphone du FBI où tu avais des contacts. « Ashton ? C’est Griffith. Ma fille vient de se faire enlever, les ravisseurs m’ont appelé, je suis au QG dans dix minutes. » Tu raccrochais sans rien rajouter avant de prendre la direction du FBI. Sur la route, ton portable se mit à sonner. Le nom de ta femme s’afficha et tu soupirais avant de décrocher : « Gaby ? Tout va bien ? Miles et Cameron sont avec toi ? » Elle pleurait, tu pouvais l’entendre. « Griff, la nounou vient de me dire que Phoenix n’était pas à la sortie de l’école, qu’est-ce qui se passe ? » Tu n’avais vraiment pas envi de lui annoncer la nouvelle mais tu n’avais pas le choix. « On l’a enlevé Gaby … Je suis désolé … Je vais au FBI, j’ai besoin que tu mettes en place le système de sécurité maximal de la maison et que tu appelles tous les agents que l’on a sur le domaine. Je ne pense pas qu’ils attaquent mais je veux être sûr que vous ne soyez pas en danger. » Tu entendis ses sanglots mais tu savais que Gabrielle était bien plus courageuse que la plupart des femmes. « Je m’en occupe. Reviens vite. » Une fois au FBI, tu donnais toutes les informations qu’ils te demandaient, tu donnais tes coordonnées et tu leur dis de ne pas hésiter à demander ton aide si besoin. En rentrant chez toi, tu appelais ton travail en leur disant que tu ne reprendrais pas ce dernier tant que tu n’avais pas ta fille dans tes bras. Tu acceptais de prendre une demi journée le lendemain pour expliquer le dossier à un collègue mais pas plus. On ne te fit pas d’histoire, de par ton nom et parce que tu n’avais perdu aucun procès encore. Une fois devant chez toi, tu passais tous les tests de sécurité avant de courir vers la porte d’entrée. Une fois à l’intérieur, tu allais vers le salon où tu trouvais tes deux autres enfants et Gabrielle. Quand elle te vit, elle se jeta dans tes bras et tu la serrais fort. « On va la retrouver, je te le promets. » Sur ses deux petites jambes encore frêles, Cameron s’approcha de toi en tendant les bras. « Pa ! » Tu l’attrapais sans faire d’histoire et tu déposais un baiser sur sa joue en la serrant contre toi. Gabrielle fit pareil avec Miles et vous restâtes sur le canapé un long moment les uns contre les autres. Les semaines passèrent et les recherches avancèrent. Tu te jetais dans le travail de recherche, tu aidais le FBI du mieux que tu pouvais mais tu ne pouvais pas faire grand chose à part donner de l’argent qui ne te rendait pas ta fille. Et finalement, un beau matin, alors que tu n’avais pas dormis de la nuit on te la ramena. Tu crus que c’était un rêve jusqu’à ce qu’elle se jette dans tes bras. Tu la serrais fort contre toi avant de dire : « Je ne laisserai plus personne te faire de mal Phoenix, c’est promis. » Tu la gardais un moment contre toi avant de l’accompagner se coucher. Tu remerciais ensuite les agents du FBI avant de souffler de soulagement, ton bébé était revenu à la maison.

quarante-deux ans + Marc et toi, vous aviez toujours rêvé de faire parti de la même famille. Votre amitié avait traversé tellement d’épreuves que cela semblait évident de marier vos enfants. Miles semblait le candidat parfait et sa petite Heather la candidate parfaite pour sceller cette union. Vous en aviez tout d’abord parlé en rigolant et puis avec les années vous vous étiez dit que finalement, ce n’était peut-être pas un projet si fou que cela. Vos deux familles avaient un amour pour les mariages arrangés alors pourquoi ne pas essayer ? Voilà comment tu t’es retrouvé à expliquer ton projet à ton fils lorsqu’il eut dix-huit ans. Vu qu’Heather avait quelques années de moins que lui, le mariage n’aurait pas encore lieu, cela était clair mais mieux valait en parler. Et puis s’ils voulaient apprendre à se connaître, c’était un bon moyen de le faire. Sauf que tu ne t’attendais pas à une telle résistance de ton seul fils. Bien sûr, le connaissant tu ne doutais pas qu’il allait résister mais il n’y avait aucun doute dans ton esprit qu’il finirait par épouser Heather. Mais bien entendu, le jour où ton fils ferait ce que tu lui dirais n’était pas encore arrivé. Tu ne comprenais pas pourquoi il fallait absolument qu’il s’en prenne à toi, pourquoi il pensait que chacune de tes décisions était là pour lui pourrir la vie alors que tu les prenais avec un but complètement inverse. Cette incompréhension vous avait mené à de nombreuses disputes et celles autour du mariage arrangé ne faisaient que se multiplier de jour en jour. Tu sentais que la colère de Miles montait mais tu ne voulais absolument pas céder. Ce refus de céder vous amena à de nouvelles disputes et finalement, c’est en rentrant un soir que Gabrielle te dit : « Miles est parti. » Tu la regardais comme si elle parlait une autre langue parce que tu ne pouvais tout simplement pas y croire. « Miles est quoi ? » Elle soupira avant de te dire : « Il est parti. Il ne voulait pas de ce mariage, comme il ne voulait pas de tout le reste alors il est parti. » Tu n’en croyais tout simplement pas tes oreilles. Ton fils était en train de renier sa famille, tu n’arrivais tout simplement pas à y croire. Comment pouvait-il faire une chose pareille ? « Mais par contre il veut bien de l’argent que l’on donne pour ses études n’est-ce pas ? » Dis-tu de manière sarcastique. Gabrielle te regarda dans les yeux en disant : « N’y pense même pas, tu payeras ses études quand même Griff et vous trouverez un moyen de vous rabibocher. » Tu en doutais déjà fort, les disputes et divergences d’opinion avec ton fils remontaient à trop longtemps pour trouver une solution durable. Cependant, tu ne cherchais même pas à discuter. « Je vais appeler Marc. » Dis-tu tout simplement. Prenant ton téléphone, tu appelais ton meilleur ami qui fut bien entendu déçu d’apprendre la nouvelle. Mais s’il y avait une personne qui savait ce que tu traversais avec ton fils c’était bien lui. Cependant, tu étais un Appleby et tu refusais de le laisser sans rien alors qu’il t’avait promis sa fille ce qui n’était pas rien. « Je sais que ta fille va se lancer dans des études de droit. Elle pourra demander des stages dans tous les cabinets de la ville et le moment venu, si j’arrive un jour à un poste important, je lui offrirai un poste qu’elle ne pourra pas refuser. » Ton meilleur ami s’empressa d’accepter. C’était le moins que tu pouvais faire. Tu raccrochais avant de te retrouver face à face avec ta plus jeune fille, Holland. Vu son regard de flamme, elle n’était pas vraiment heureuse de te voir là. « Je te déteste. Si Miles est parti c’est de ta faute ! » Tu pouvais voir qu’elle pensait chaque mot et ce n’était vraiment pas ce que tu avais besoin d’entendre après avoir perdu ton fils. Mais tu refusais de montrer quoi que ce soit alors tu dis : « C’est peut-être mieux pour tout le monde. » Holland partit ensuite en furie dans sa chambre avant que tu ne retournes dans la cuisine. A ton regard, Gabrielle comprit, vous étiez mariés depuis trop longtemps. Elle vint te prendre dans ses bras en disant : « Ca va aller Griff, tu as fait ce que tu avais à faire. » Tu regardais ta femme avant de lui dire : « Tu crois vraiment ? Est-ce que j’avais à lui imposer le droit quand il voulait entrer dans l’armée ? C’est peut-être la goutte d’eau qui a fait débordé le vase. » Elle sourit avant de te dire : « Peut-être mais te connaissant, tu n’aurais pas pu agir autrement. » Et elle avait raison, tes valeurs et tes normes étaient bien trop ancrées en toi pour que tu exiges autre chose que ce que tu avais exigé de ton fils.

cinquante-cinq ans + Tu dormais, plutôt profondément quand ton téléphone se mit à sonner. Même dans un sommeil profond, ton téléphone te réveillait toujours, c’était devenu une déformation professionnelle. Tu l’attrapais donc et tu répondis machinalement. « Appleby, je vous écoute ? » Peut-être était-ce un client qui avait bu quelques verres et c’était trompé de numéro à cette heure tardive … Et pourtant, ce ne fut pas le cas. « Monsieur Appleby, ici l’hôpital de Washington. Votre femme a été victime d’un accident de voiture, nous sommes en train d’essayer de la sauver, je voulais vous prévenir. » Tu ne pus même pas répondre, tout ton corps se glaça en un instant. Vous aviez un gala ce soir et tu n’avais pas voulu et surtout pas pu y aller. Tu étais malade comme un chien, des migraines qui te prenaient de temps en temps et tu avais préféré rester au lit. Gabrielle était elle partie au gala seule et apparemment, cela avait été une très mauvaise idée. Tu raccrochais avant d’enfiler un costume car c’est la première chose qui te tombait sous la main et tu pris la voiture. Avant de démarrer tu envoyais un message à tous tes enfants, même Miles mais pas Phoenix qui était en mission et donc injoignable pour l’instant. Tu ne pris même pas la peine de regarder les limitations de vitesse aujourd’hui, tu filais jusqu’à l’hôpital sans te poser aucune question. Tu ne pouvais pas perdre Gabrielle, tu ne pouvais tout simplement pas la perdre. Elle était ton plus grand soutien, elle était ce que tu avais de plus cher sur cette terre, tu ne voulais même pas penser à la perdre. Une fois sur le parking de l’hôpital, tu te mis à courir vers le service des urgences. « Excusez-moi, je suis là pour madame Appleby s’il vous plaît. » Tu ne savais pas dans quel état était ta femme mais le regard que te lançait la secrétaire ne te rassurait pas du tout. Cette dernière te dit de patienter, qu’elle allait chercher la personne qui s’occupait de ta femme. L’hôpital connaissait la famille Appleby, tu ne comptais pas les donations que tes parents et toi-même avaient fait au cours des années, tu ne doutais pas qu’on s’occupait d’elle le mieux possible. Finalement, une jeune vint te voir. « Suivez-moi monsieur. » Tu ne cherchais même pas à broncher même si tu n’oubliais pas ce que tu savais faire de mieux : avoir exactement ce que tu voulais. « Que s’est-il passé ? » Tu voulais connaître tous les détails de cet accident qui pourrait te coûter ta femme. « Votre femme rentrait en limousine quand un camion les a embouti. Le chauffeur était ivre et n’a subi que des blessures mineures. Votre femme est toutefois dans un état critique, nous n’avons pas eu le choix que de l’opérer de suite, je ne peux rien vous dire de plus. » Te dit-elle d’un air désolé. Tu ne cherchais même pas à la pousser, tu savais qu’elle ne pouvait rien te dire de plus. Sentant ton portable vibrer, tu décidais de t’excuser. « Tenez-moi au courant, je vais rejoindre mes enfants. » Tu repartis dans la salle d’attente où tu trouvais Miles, Cameron et Holland. Tu pris les deux demoiselles dans tes bras et tu fis un signe de la tête à Miles. Cela faisait quatre ans que tu ne lui avais pas parlé, tu te serais passé de cette occasion pour le faire. « Comment elle va ? » Te demanda-t-il tout simplement. « Que s’est-il passé ? » Te demanda Cameron presque en même temps. Tu soupirais avant de leur dire : « Un camion lui ai rentré dedans, elle est en salle d’opération, ils ne savent pas s’ils vont pouvoir la sauver. » Autant se préparer au pire, cela ne servait à rien de trop espérer. Tu n’arrivais pas à imaginer la perdre un instant mais tu ne pouvais pas non plus faire autrement. Tu ne savais pas combien de temps tu restais dans cette salle d’attente mais tes enfants se relayèrent à tes côtés. Quand c’était Miles, le silence régnait. Avec Cameron et Holland, vous parliez un peu mais vous restiez aussi assez silencieux. Et puis finalement, Phoenix vint vous rejoindre. C’était un poids qui se soulevait de tes épaules que de la savoir saine et sauve. Le travail qu’elle avait choisi était noble mais il te ferait pousser des cheveux blancs avant l’âge. Et puis finalement, après des heures d’attente, on finit par venir te voir. Il suffit d’un simple : « Je suis désolé Monsieur Appleby … » pour que tu comprennes que tu ne reverrais plus jamais Gabrielle. Ton cœur se brisa à cet instant précis et tu n’avais plus envi de vivre. Tu laissais Phoenix annoncer la nouvelle à ses frères et sœurs, tu étais incapable de leur faire face ce soir. Tu pris une autre sortie de l’hôpital et puis de nouveau la voiture. Tu conduisis jusqu’à votre endroit préféré, celui où vous passiez tous les ans vos anniversaires de mariage. C’était un endroit du parc de Washington, un parc central près du Palais de Justice. Et tu laissais les larmes tomber … Peu importe que votre mariage ait été arrangé, tu aimais Gabrielle plus que tout au monde, elle était ce qui vous tenait tous soudé et tu osais à peine imaginer ce que vous alliez devenir sans elle.

cinquante et un ans + Tu soupirais lourdement. Tu ne savais même pas comment tu continuais toujours à avancer. Peut-être que c’était les sourires de Cameron ou peut-être les beaux yeux de Phoenix, tu ne savais pas très bien en réalité. En repensant à ta famille, ton cœur ne pouvait pas s’empêcher de se serrer. Miles était parti du cocon familial depuis plusieurs années maintenant, presque une décennie d’ailleurs et rien ne te désolait plus. Tu savais au fond que tu l’avais cherché mais ton fils et toi vous aviez tellement de mal à vous comprendre … Et maintenant c’était au tour d’Holland. Pourquoi ne voulaient-ils pas tous se marier de manière arrangée ? Cela ne menait pas qu’au désastre, il fallait arrêter de regarder les films. Non, Gabrielle et toi vous n’auriez pas pu être plus heureux ensemble et vous étiez la preuve qu’un mariage arrangé pouvait fonctionner. Alors pourquoi est-ce que tes enfants ne semblaient pas le comprendre ? C’est Heather qui te sortit de tes pensées en entrant dans ton bureau. Elle s’approcha et devant ta mine qui devait être fatiguée et dépitée elle te demanda : « Tout va bien monsieur ? » Cela te faisait toujours drôle qu’elle t’appelle ainsi, toi qui la connaissait depuis si longtemps. Sa naissance même vu que c’était la fille de ton meilleur ami. Tu avais été l’un des premiers à la porter à la clinique. Maintenant, vous formiez une équipe et tu ignorais ce que tu ferais sans elle. « Ca va, juste de mauvais souvenirs qui remontent. Qu’est-ce que tu m’amènes ? » Lui demandas-tu. Ce que tu aimais chez Heather, c’était qu’elle ne posait pas trop de questions. Des fois oui et tu répondais mais là elle laissa tomber l’affaire. De toute manière elle n’avait pas besoin de te demander pour savoir ce qu’il se passait dans ton esprit et de quels souvenirs tu parlais. « Le dernier cas que la Cours Suprême a décidé d’examiner, les dossiers sont arrivés ce matin. Ils commencent à en discuter dans une semaine, ça nous laisse le temps de préparer une synthèse pour le Président. » Oui, c’était ça aussi ton travail. La justice c’était ton département et donc aussi la Cours Suprême. Même si le Président n’avait rien à en dire, il devait être tenu au courant au cas où on lui posait des questions. « Je l’aurais lu dans deux jours, organise une réunion et ce sera prêt à temps. C’est tout ? » Demandas-tu gentiment. Heather était avant tout un soutien pour toi dans un monde où tu n’avais confiance en personne. « Oui, pour l’instant. Non, autre chose, Jolene m’a dit que votre fille vous attend pour déjeuner. » Tu avais en effet promis à Cameron d’aller déjeuner avec elle aujourd’hui et c’était l’heure du rendez-vous. Ne perdant pas de temps, tu pris la veste de ton costume et tes lunettes de soleil avant de sortir du bureau. « Bon appétit Heather, n’oublie pas de faire une pause ! » Le dossier pouvait bien attendre encore un peu. Tu descendis donc les escaliers du bâtiment et tu saluais Jolene en passant pour la remercier du message. Tu vis Cameron qui t’attendait à l’entrée et un sourire s’afficha sur ton visage. « Ma blondinette ! Comment tu vas ma puce ? » La serrer dans tes bras te faisait du bien, cela te rappelait que tous tes enfants ne te détestaient pas. « Bien papa et toi ? Tu ne te tues pas au travail j’espère ? » Tu laissais échapper un petit rire avant de lui tenir la porte et de prendre la direction de son restaurant préféré. « Non, tu me connais. Et ça va, je suis occupé mais ça va. Comment va ton fiancé ? » Lui demandas-tu curieusement. Tu n’avais pas imposé de mariage à Cameron, elle t’avait ramené un fiancé de son choix que tu avais fini par accepter malgré tout. Et aux sourires de ta fille, tu ne pouvais pas une seule seconde le regretter, te mettre Cameron à dos te briserait le cœur. « Il va bien et ne t’en fais pas, on sera au gala samedi soir. » Pour te remercier d’avoir accepté son choix, Cameron acceptait aussi de se plier à quelques galas et celui de samedi se déroulerait chez le maire, ce serait un bon moyen de faire entrer son fiancé chez les Appleby. Le reste du repas se passa merveilleusement bien et tu laissais Cameron repartir à ses activités pour l’après-midi alors que tu rentrais au bureau. A peine assis sur ton siège et à peine la première page du dossier tournée qu’on frappait à ta porte. Entra Alice, ton experte en communication. Elle gérait tout cela depuis plusieurs années déjà. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi Alice ? » Cette dernière ferma la porte derrière elle avant de dire : « Je vous emmène le programme de vos interventions publiques pour la semaine. C’est plutôt calme, quelques interview dans des journaux, rien de plus. Mais préparez-vous pour la semaine prochaine, on a un débat. » Rien que d’entendre ce mot, tu frémis. Un débat signifiait une confrontation avec ton fils, ce que tu préférais éviter dans l’absolu. Tu soupirais pour la deuxième fois de la journée avant de dire : « Merci beaucoup, j’y serais. » Alice aurait pu s’en aller mais tu savais qu’elle ne le ferait pas. Amie de Gabrielle depuis longtemps, c’est peu avant la mort de cette dernière que ta femme t’avait supplié de prendre Alice dans ton département parce qu’elle avait absolument besoin de ce boulot qui l’éviterait de penser à son divorce. Incapable de dire non, tu l’avais embauchée et ne l’avait jamais regretté. « Vous avez un gala aussi en fin de semaine, une de vos filles peut t’accompagner ? » Tu réfléchis quelques secondes avant de dire : « Malheureusement non, Cameron rencontre les parents de son fiancé, Phoenix bosse tout le week-end et Holland s’en va pour l’anniversaire d’un ami à Vegas. » Alice te regarda de manière à te manière à te faire comprendre que tu devais être accompagné. « Vous ne pouvez pas y aller tout seul monsieur. » Dit-elle tout simplement. « Alors vous m’accompagnerez. Je vous enverrai une robe et je passerai vous chercher. » Alice sembla ne pas en croire ses oreilles et elle dit : « Vous êtes sérieux ? » Tu levais les yeux au ciel avant de lui dire : « Quand ne le suis-je pas ? Acceptez Alice, avec un peu de chance vos passerez une bonne soirée. » Lui dis-tu avec un clin d’œil avant qu’elle ne quitte le bureau. Cela faisait une éternité que tu n’étais pas allé à un gala avec une femme qui n’était pas une de tes filles.