Ryan + Nowhere seems like somewhere to go.

VOTRE AVIS SUR LA VILLE DE WASHINGTON ✮ Ma ville natale. J'ai beau pensé que je la hais, j'ai fini par y revenir et franchement, cela veut dire bien des choses. Washington, c'est ma maison et quoique je puisse faire, j'y reviendrais toujours. Même si j'y suis seul. Désespérément. VOTRE MEILLEUR ET VOTRE PIRE SOUVENIR ✮ Mon meilleur souvenir, ce serait certainement la fois où on s'est défoncés pour la première fois derrière le lycée avec Mason, ça semble complètement paradoxal étant donné que la drogue reste le problème dont je veux le plus me débarrasser aujourd'hui mais c'est franchement à cet instant là que j'ai senti que Mason & moi, ce serait une amitié qui durerait toujours. Mon pire souvenir, ce serait certainement le jour de ma rupture avec Eileen, mon premier amour, elle n'a pas été très tendre en m'insultant de bêtises parce qu'elle était fatiguée de voir mes yeux un peu trop explosés. JUSQU'OU SERIEZ VOUS PRÊT A ALLER POUR SAUVER UNE VIE ✮ Tout dépend si je suis sous influence ou pas. Il fut un temps où j'aurais probablement donné ma vie pour autrui mais aujourd'hui, j'ai un temps de réaction tellement lent que le temps que je bouge un pied, ce serait trop tard. Pour autant, j'ai toujours la fibre d'un sauveteur de fortune. AVEZ-VOUS DEJA PERDU VOS MOYENS AU COURS D'UNE INTERVENTION ou AVEZ VOUS DÉJÀ ÉTÉ IMPLIQUE DANS UNE HISTOIRE AVEC LA POLICE ✮ J'ai échappé à la police de peu bien des fois. Quand on a été un dealer, on doit apprendre à être ingénieux pour ne pas se faire choper. On l'a échappé belle plusieurs fois, ça c'est évident. J'ai été en garde à vue une fois mais sans preuve et avec la protection du puissant Lyam derrière moi, je n'y suis resté que quelques heures, sans grande conséquence. LA PIRE CHOSE QUE POURRAIT FAIRE OU ETRE VOTRE VOISIN ✮ Un de mes nombreux ennemis pour sûr. Je pense à Lyam, mon ex patron un brin mafieux, Beatriz sa fiancée avec des envies de meurtre, les nombreux dealers à qui je dois une somme immense d'argent. Ouais, il vaut mieux éviter que ce soit l'un deux mon voisin. 20 CHOSES A SAVOIR SUR VOUS ✮ Ryan est un amoureux de la musique, il a des tonnes d'albums, une guitare et il en joue depuis ses douze ans. + Il a commencé la drogue à l'âge de seize ans, il a réussi arrêter pendant bien des années mais est retombé dans la spirale depuis son retour à Washington. + Il a été un enfant battu et molesté physiquement et psychologiquement par sa belle mère, il fait donc partie d'une association pour lutter contre cela. + Il n'a jamais été franchement doué avec les filles, un peu réservé lorsqu'il s'agit de sortir son numéro, il est donc passé à côté de plusieurs occasions. + Son père est un grand avocat de la ville de Washington et il a quelque peu renié son fils pour préserver sa réputation. + Ryan rêve de revoir sa petite soeur mais il n'ose pas faire le premier pas de peur de souffrir des coups de sa famille une nouvelle fois. + Il ne s'est jamais franchement remis de son premier amour, Eileen, même s'il ne s'en rend pas forcément compte. + Il a toujours adoré traîner chez les O'Reilly quand il était plus jeune, c’est bien qu'ils considère comme sa véritable famille. + Il déteste les soirées mondaines et le champagne, probablement à cause d'un traumatisme de jeunesse. + Dépensier, il est probablement trop insouciant et irresponsable pour survivre tout seul dans cette jungle. + Il lui arrive fréquemment, quand il est sous ecsta', de se filer des pseudonymes débiles, c'est une manière comme une autre d'oublier sa vie pourrie. + Il a une peur bleue de terminer en prison, pourtant, il culpabilise énormément de ses erreurs mais ce n'est pas pour autant qu'il ira se rendre à la police. + Il adore les galeries d'arts et les musées, c'est son endroit préféré pour se ressourcer. + Il a rêvé d'être rock star et aussi secouriste, mais forcément, les deux choix ont arrêté de se présenter en vue de la vie qu'il a toujours mené. + Il a honte de le dire mais Ryan est un pro de la couture, merci mamie. + Il a un autographe de Dave Grohl. + Il oublie souvent de manger plusieurs fois par jour. Oups...

Faire demi tour. Recommencer au début. Revenir là où tout a commencé et ne rien avoir oublié. D'un pas lent, cigarette au bec, capuche remonté, barbe de trois jours, le jeune homme retrouvait ses racines. Washington. Là où il croyait vivre l'enfer, là où il croyait avoir perdu tout but. Ce qu'il avait vécu loin de ce village s'était avéré bien pire que la charmante banlieue. Ryan expira une bouffée de fumée puis releva les yeux. La maison de ses parents en face de lui. Il n'avait pas l'intention d'y rentrer non, il voulait juste l'observer, se rappeler, se remémorer l'homme qu'il avait été un jour, homme qui avait disparu à jamais depuis déjà longtemps...

1999, Washington.

"Ryan, reste ici bon sang. Toutes ces histoires te regardent pas. Dieu ce que t'es borné. On a vraiment hérité du fils le plus malpoli du monde c'est pas vrai!" Ryan conservait la mâchoire bien serrée, ses doigts décidément bien accrochés à la rampe de l'escalier. Il était hors de question qu'il passe une minute de plus dans cet environnement d'hypocrisie, alors il finit par descendre correctement les marches et vint se poster face à l'homme qui avait été son père pendant dix huit années. "T'avais qu'à l'élever ton fils si tu le voulais pas malpoli. Oh mais j'oubliais, t'en as rien à secouer du moment qu'on choisit ta voie, c'est ça? Du moment que t'as ta bimbo de femme pour te consoler? Ouhh super, avocat ou médecin, quel merveilleux choix. T'es même pas capable d'ouvrir les yeux sur elle, tu vois rien. Tu sais ce qu'elle me fait vivre? Tu le sais au moins? Demande lui si c'est vrai, demande lui. Et beh figure toi que je préfère crever, de ta main, plutôt que de devenir comme toi, plutôt que de rester là avec elle. Heureux?" Ryan sentit sa main frémir alors que ses yeux lançaient des éclairs à son géniteur. Tout était fini. Son père le savait. Sa belle mère le savait. Pourtant, c'était réel. Sa mère était morte alors qu'il n'était qu'un bébé et sa belle mère Linda avait pris sa place seulement trois ans plus tard. Étrangement, elle développa une sorte de haine à son égard. Peut être parce que son père, Teddy Berkley, refusa pendant longtemps de lui faire un enfant qui serait totalement à elle. Ils avaient une jeune fille maintenant. Linda le violentait, Ryan tenait le coup. Plus aujourd'hui. "Tu me parles encore une fois sur ce ton et je te vire d'ici, t'as compris?" Silence oppressant alors que les poings de Ryan se serraient de nouveau. "Tu peux pas me virer, je me tire. Et tu me reverras jamais. C'est bien, t'as perdu ton fils dans cette histoire. Ton seul fils, putain." Ryan finit par se détourner, ramassa le sac qu'il avait laissé tomber dans l'escalier puis se dirigea vers la porte sans un regard vers les Berkley. Tout était fini. "Ryan... Si tu crois que suivre le chemin de ce délinquant de O'Reilly t'apportera le bonheur, si tu crois que nous fuir te profitera, permets moi de te dire que tu te trompes. Tu viendras nous pleurer dans les jupons avant qu'on ait eu le temps de dire ouf..." Ryan ne prit même pas la peine de répondre et sortit, le vent lui procurant déjà des frissons. Il devait partir, il devait tenir encore, maintenant qu'Eileen l'avait laissé tomber, maintenant que son père le haïssait et que Mason était dieu ne sait où. Nouvelle vie, nouveau départ et il savait exactement où se déroulerait sa nouvelle vie...

1998, Washington.

Dix sept ans. La dureté de la vie lorsqu'on a dix sept ans ans et quand on s'appelle Ryan Berkley, c'était d'autant plus difficile. Sortie de l'école. Encore une fois, on s'était foutus de lui parce qu'il avait bégayé en voulant répondre à une question, un nouveau surnom qui amuserait ses camarades pendant trois semaines: "B..BB..Boulet". Ryan s'en fichait. Il balança son sac sur le banc du parc et sortit une cigarette. Silence. Et enfin, Mason finit par arriver, sourire aux lèvres. Les inséparables.  Ryan, l'artiste et Mason le cinglé. Et une amitié hors du commun qui entraînait de nouvelles moqueries envers eux bien sûr, ils étaient des tarés pour les autres. Des drogués. Ryan, en tout cas, l'était. Il avait commencé par un joint l'année de ses seize ans et aujourd'hui, la poudre lui plaisait plus qu'il ne l'aurait imaginé. Il avait redoublé deux fois au lycée, il était en retard sur tout vu qu'il manquait de concentration mais il avait besoin de sa dose pour supporter la vie à la maison. Pour survivre. Avant que Mase n'ait eu le temps de le rejoindre, Lincoln se mit à rougir en croisant le regard de Eileen Nolands. Il détourna les yeux au mauvais moment apparemment puisqu'il reçut un magnifique oeuf en pleine figure. La routine en quelque sorte. Il ne prit même pas la peine de s'insurger contre les malotrus qui avaient osé lui exploser l'arcade sourcilière par pur sadisme. Il se contenta d'essuyer d'un revers de la manche, un peu gauche, le plus possible de l'oeuf en question avant de lancer un sourire, gêné, vers son ami. Comme à son habitude Mason racontait ses mésaventures, Ryan l'écoutait d'une oreille distraite en regardant Eileen se promener au loin. Elle lui sourit pourtant, timidement, peut être parce qu'ils avaient un rencart secret le soir même. Ryan n'en toucha pas un mot à Mason, continuant de hocher la tête à ses propos farfelus. Et ils passèrent un agréable après midi, bien que Ryan se soit fait fortement réprimandé par son père encore une fois parce qu'il passait son temps à traîner les rues plutôt que de travailler ses cours de biologie. Et c'était toujours comme cela. Un schéma qui se répétait inlassablement.

2000, Dublin.

Rosaleen Berkley faisait un peu de ménage dans sa misérable demeure, dans un coin reculé et assez mal fréquenté de Dublin. Alors que son plumeau passait sur les meubles, elle stoppa son regard sur la fameuse boîte où elle rangeait ses correspondances avec l'Amérique: les quelques lettres qu'elle avait partagées avec Ryan, avec le reste de la famille Berkley et une en particulier retint son attention, une certaine Eileen. Un an que ce bout de papier traînait dans son placard et jamais la vieille femme n'avait osé la lire entièrement. Elle posa son plumeau et se mit à lire quelques lignes, une déclaration, un aveu. Et à cet instant, Rosaleen sut qu'elle avait fait le bon choix de ne jamais donner cette carte à son petit fils. Il était bien trop fragile, il fallait qu'il devienne un homme et retourner en Amérique retrouver cette Eileen était hors de question. Elle reposa la lettre dans la boîte et referma le couvercle alors qu'un joyeux Ryan arrivait dans le salon derrière elle. Il déposa un baiser sur le front de sa grand mère avant d'aller déposer l'argent récolté dans la journée sur la table. ""Bon mamie, j'ai parlé avec Ryann. Je crois que je vais être obligé de déroger à tous nos principes mais le cambriolage de la supérette me semble une idée intéressante. Regarde on n'a encore rien à manger et je sais pertinemment que j'ai pas le choix de toute façon... Tu luis dois combien hein? 20000 c'est ça? Ils m'ont enrôlé maintenant. Je dois payer ta dette alors ne monte pas sur tes grands chevaux s'il te plait. T'aurais dû me le dire avant, t'avais un an pour me le dire. Un an que je suis là et pour quoi? Rien au final. Je vais tout rembourser. Parole de Ryan Berkley." Avant même que Rosaleen n'eut le temps de répliquer, le blond était déjà parti pour de nouvelles aventures impliquant criminalité et délinquance. Et les larmes montèrent jusqu'aux yeux de la vieille femme... Elle savait comment tout cela finirait. Elle le savait.

2002, Dublin.

C'était la fin. Tout partait en vrille, Ryan avait échoué. Il n'avait rien pu faire alors qu'il avait entendu le bruit d'un crissement de pneus et une vitre qui se brisait. Il était arrivé trop tard, quelle idée il avait eu de couper du bois au fond du jardin alors qu'il n'avait pas encore pu récolter l'argent nécessaire pour rembourser la dette de sa grand mère. Alors que le bruit fracassant se fit entendre, Ryan laissa retomber la hache et courut en direction de la porte. Il savait déjà. Et il ne pouvait rien faire. Sa grand mère était étendue au milieu du salon, une balle dans le crâne. Un schéma qui se répétait une nouvelle fois, une souffrance devenue commune. Il s'agenouilla à ses côtés, tremblotant et laissa les larmes couler sur ses joues. Elle était partie et d'un geste lent, il lui ferma les yeux, laissant exploser sa haine et sa colère. Il se vengerait. Quoiqu'il en coûte. Il irait retrouver celui qui a poussé la gâchette et lui ferait payer...

2003, Dublin.

"Merde Rayann, faut que j'arrête. Je t'assure. Laisse moi me tirer. J'ai assez payé. J'ai tout remboursé. J'en peux plus de tirer des sacs à des vieilles, de cambrioler des artisans, de vendre de la coke à des clodos. C'est fini tout ça. J'ai grandi. J'ai payé." Ryan lança sa cigarette au loin alors qu'il était frigorifié au coin d'une ruelle sombre en pleine nuit. Rayann le regardait en silence, pensif. Cela faisait désormais quatre ans qu'ils se connaissaient et Ryan aimait penser qu'ils avaient tissé des liens tous les deux. Il se trompait royalement. Éperdument. "Tant que je serais en vie, tu feras ce que je te dis. T'es entré dans la bande, t'en sors pas. C'est ça la règle ici. T'es pas en Amérique, petit con." Berkley sautait sur place, sentant ses poings se serrer. Il était coincé. Pour toujours. Une autre vie l'attendait pourtant. Il avait vingt deux ans et sa grand mère ne souhaiterait pas cela pour lui. Surtout pas alors qu'elle avait quitté ce monde il y a plus d'un an. "Comment ça j'en sors pas? C'était pas ce qu'on avait convenu. Je remboursais ce que je te devais et point barre. Tu me prends pour un débile ou quoi? Tu crois que je vais continuer à être ton petit chien? Tu sais pas à qui tu parles là faut croire..." Et deux secondes plus tard , il avait un couteau sous la gorge. Mais Ryan avait anticipé et ne se posa pas beaucoup de questions alors que son arme venait se poser contre le torse de l'irlandais. Sans hésiter, il appuya sur la gâchette. Tout se passa très vite et le sang gicla. Il avait blessé le chef de la bande. Il était libre. Il était coupable. Si on le retrouvait. Et il ferait mieux de ne pas traîner dans le coin plus longtemps. Dès le soir même, il fit ses valises. Recommencer une nouvelle fois. Il passa quelques minutes dire au revoir sur la tombe de sa grand mère et disparut dans la nuit pour la suite de sa vie. De son histoire. Non sans serrer entre ses poings le dernier sachet de coke qu'il n'avait pas vendu. Ne pas craquer. Ne plus craquer.

2009, Chicago.

Six années que Ryan arpentait les rues de la belle Chicago. S'il nourrissait des espoirs de changement, pour enfin rentrer dans le droit chemin, faire quelque chose de respectable de sa vie pour honorer Rosaleen, c'était raté. Depuis désormais six années, il était barman dans un coin mal famé de Chicago. Outre cette activité honorable, il dealait. Et oui, encore. Il avait rencontré le gérant de ce bar dès son arrivée et ce cher Lyam lui proposa ce job. Il était son homme à tout faire en somme. Si on lui demandait de faire des livraisons, il les faisait. Si on lui demandait de négocier des tarifs, il était là. Il ne faisait preuve d'aucune violence, il était simplement un intermédiaire dans le trafic qui se nouait ici. Il ne posait pas de questions, parlait peu et était un excellent porte parole. En vérité, Lyam était un pourri, un véritable proxénète mais Ryan n'était au courant que de ce qu'il y avait en surface.
Ce soir là, Berkley était de fermeture et il terminait de nettoyer le sol, en bon salarié qu'il était et voilà qu'une jeune femme entrait dans le bar, ses talons résonnant sur le parquet ciré. Ryan releva les yeux et découvrit une brunette, cigarette au bec, son maquillage dégoulinant sans ménagement. Elle vint se poster à ses côtés, conquérante. "Lyam n'a pas arrêté de parler de toi. Ryan par ci, Ryan par là. Je suis curieuse... J'espère que t'es pas aussi pourri que lui.. Hum.. J'ai l'impression qu'on va bien s'entendre toi et moi. Pas toi?" Ryan sut alors qui était la mystérieuse. Beatriz, la fiancée de Lyam. Bien évidemment, il s'était bien caché de lui dire qu'elle était sublime et franchement aguicheuse à lui attraper le bras ainsi, lui souriant comme s'il était un succulent bout de viande. Ryan savait qu'il était foutu. Déjà. Et il avait raison. On ne pouvait pas résister à une telle beauté même lorsque celle-ci se pavanait au bras de son meilleur ami. Il ne résista pas. Se laissa aller. Et il prenait des risques incroyables... Mais il était amoureux. A en crever.

2012, Chicago.

"Je crois que Lyam a des doutes. Tu sais, on devrait peut être arrêter... Pendant un temps. Tu sais que je t'aime Bea mais on prend trop de risques là. Ou alors, tu le quittes.. Enfin, j'en sais rien." Silence oppressant alors que Beatriz s'habillait rapidement, encore avec une cigarette entre ses lèvres. "Tout cela sera bientôt fini, Ryan. T'en fais pas. Et tu regretteras pas le bouquet final..." Elle disparut quelques secondes plus tard alors que Ryan se frottait les yeux, peu certain d'avoir compris son message subliminal. Il n'en tint pas rigueur et alla se faire à manger. Il aurait certainement dû faire attention. Il aurait certainement dû arrêter de raconter tout ce qui se passait au bar ou pendant ses tournées de dealer. Se taire. Ne pas avoir confiance. Mais, Ryan au fond, avait conservé son innocence d'antan et sa sensibilité. Ce jour de décembre, il perdit tout. Et cette fois fut changé pour de bon. Adieu le gamin qui subissait les oeufs dans la face. Adieu le gamin qui avait pour ambition de sauver le monde. Adieu le jeune cancre qui remboursait les dettes de sa famille. Ce jour de décembre, à l'aube de ses trente deux ans, Ryan se rendit compte de son erreur, de sa naïveté. Un appel. Une voix. Beatriz. Elle riait, oh dieu qu'elle riait alors qu'elle lui contait ses exploits. Elle s'était jouée de lui. Tout ce qu'elle souhaitait depuis le début était de faire tomber Lyam. Tout cela n'était qu'un jeu et elle venait de mettre fin à ses jours et elle héritait de tout. De sa fortune. Du bar. Tout. Parce que Ryan avait été assez bête pour tout lui dévoiler, persuadé que la jeune traîtresse était la femme de sa vie. Utopie. Il était chanceux en vérité. Beatriz avait prévu de le tuer lui aussi mais elle le laissait quitter la ville, marque d'affection teintée d'ironie. Berkley raccrocha et devint une véritable tornade. Il voulait tout détruire et son appartement en souffrit. Il recommença ses bagages et dit adieu à trois années de bonheur. Il n'était qu'un idiot. Son meilleur ami était ruiné par sa faute et Ryan savait qu'il ne pourrait plus jamais accorder sa confiance. Son seul choix désormais: retourner à la maison, là où tout a commencé... En espérant que Mason, Eileen et les autres soient encore là. En espérant qu'il pourrait se reconstruire. Peine perdue. Comme toujours...

2014, Washington.

Il était tombé. Encore. Après son retour à Washington, Ryan avait réalisé que la vie avait continué. Sans lui. Son père était parfaitement heureux en ménage, sa belle mère était toujours en vie, malheureusement, et sa petite soeur était définitivement en train de devenir une femme. Il n'avait pas sa place. Il ne l'avait jamais eu. Il avait croisé Eileen dans un centre commercial, il avait eu envie de l'accoster mais il avait remarqué la bague à son doigt et il avait lâché l'affaire. Ryan n'avait plus que Mason. Ses rêves. Et la drogue. Il était retombé dedans avec une facilité déconcertante après des années à résister l'envie de s'y perdre. Le problème quand on est un junkie, c'est qu'un salaire de misérable disquaire n'est pas toujours suffisant pour s'approvisionner correctement. Alors, de temps en temps, on est forcés d'obtenir des crédits, sauf que les gros revendeurs ne le voyaient pas de cet oeil. Forcément. Mason & lui avaient un peu trop usé la corde, c'était des milliers de dollars probablement. Ryan avait arrêté le compte, il se disait que ce n'était pas si grave, sauf qu'il n'avait pas revu Mason depuis plusieurs jours et qu'il ne répondait plus au téléphone. Pour lui qui n'avait plus que O'Reilly, le coup était dur à encaisser. Il lui restait encore un peu d'espoir, sa guitare à la main, à tenter d'écrire des chansons aux airs des Smiths ou d'Oasis, tout seul au fond de sa boutique, les mains tremblotantes. En manque.