« he is a bad boy with a tainted heart » (braxton s.)

He is a bad boy with a tainted heart
Sex without love is a meaningless experience, but as far as meaningless experiences go its pretty damn good.

Le soleil commençait déjà sa chute en cette fin de journée. Les rayons disparaîtraient peu à peu et, du haut du cinquième étage de mon loft, j'en avais une vue imprenable. J'étais dans ma cuisine. Je préparais le dîner. N'étant pas de garde ce soir, j'en profitais pour m’atteler à la confection de ce merveilleux repas. Bon, je n'étais pas le plus grand des chefs, ni même un cuisinier hors pair. Je me démerdais avec ce que j'avais. Comme tout homme qui se respecte, j'étais le roi des féculents. Pomme de terre, pâtes et riz. Je maîtrisais. Faire bouillir de l'eau était encore dans mes compétences. Et cette soirée ne s'annonçait pas autrement. Les saveurs de l'Italie raviraient nos papilles, à moi et surtout à Braxton. Je l'avais invité. Non pas pour qu'il me fournisse en anti-douleurs, mais bel et bien comme une sorte de rencard ou rendez-vous amical entre deux potes qui couchent ensemble. Moi-même, je n'arrivais pas à définir ce que ce dîner représentait. D'ailleurs, j'avais lancé cette idée de repas un peu par hasard et surtout de façon impulsive. Je ne regrettais rien mais cette soirée s'annonçait particulièrement étrange. Avoir un dealeur était une chose. Coucher avec ce dernier en était une autre. Et c'était plaisant, même plus encore. On sonna alors à la porte.

Vêtu d'un simple jean et d'une chemise à carreaux sur différents tons de rouge, je m'avançais vers mon entrée après avoir baissé le feu de ma sauce qui accompagnerait mon plat principal. J'avais au moins le don de réussir cette infime partie de mes propres mains. Laissant le torchon sur mon épaule droite, j'ouvrais et découvrais alors le jeune Sheldon derrière la porte, habillé comme à l'accoutumé et avec mes drogues entre ses mains. Un sourire en coin se dessina sur mon visage. Brax n'avait, me semble-t-il, pas compris la subtilité de l'invitation que je lui avais proposé. « Entres, je t'en prie. » Je m'écartais de l'entrée, lui laissant le passage libre pour que le jeune homme puisse entrer. Il ne remarquerait peut-être pas la délicate odeur qui se dégageait de la cuisine, ni même le torchon que je portais. Je claquais la porte et invitais Brax jusqu'au salon. Il connaissait la maison, je lui laissais donc le plaisir de prendre la tête de peloton. « Tu veux un verre de vin ? Je viens d'ouvrir une bouteille de blanc pour le repas. » J'abattais mes cartes, jouant un peu avec lui en sachant très bien qu'il n'avait pas idée du repas que j'avais préparé. Ce n'était pas qu'un rendez-vous dealeur/client et Brax le comprendrait rapidement.

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« Normalement, Dyl' s'occupe de la soirée étudiante à l'Université et comme d'habitude, Al' passera aux entrées des boîtes de nuit de Georgetown. » Hochant la tête, Brax était bien trop occupé à compter le nombre de boîte d'anti-douleurs qu'il mettait dans le sac pour écouter attentivement ce qu'avait à dire Aaron. Il avait assez confiance en ce dernier pour ne pas devoir repasser derrière son boulot à chaque fois. Une fois le nombre de boîtes exactes mises dans le sachet, il referma l'énorme coffre dans lequel était rangé une grosse partie des médicaments qu'il possédait. « Parfait ! Tu leur diras que je veux un rapport détaillé de ce qu'ils ont vendu demain après midi au plus tard ! Ah et préviens Al' qu'il risque peut-être de croiser des mecs du Carré Rouge dans le secteur. Qu'il ne s'inquiète pas, j'ai la situation en main » Enfilant sa veste en cuir, le brun avait un rendez-vous dans une demi-heure et il avait la moitié de la ville à traverser. « Tu vas revoir ton mystérieux pompier ? Vous vous voyez souvent, ces derniers temps, non ? Tu ne l'as pas déjà fourni, il y a quelques semaines ? » Jetant un regard noir à son bras droit, Braxton n'aimait pas vraiment qu'on mette les pieds dans ses affaires, d'autant plus lorsqu'il n'était pas certain de la situation lui-même. « Et si tu t'occupais de tes affaires Aaron ? Tu n'as pas ta femme à retrouver ? » Le ton était assez équivoque pour empêcher ce dernier de vouloir poursuivre la discussion. Le saluant, il sortit de chez lui et sauta dans sa voiture. Il n'avait plus qu'à prier pour que le trafic ne soit pas trop dense, histoire de ne pas être trop en retard.

Arrivé devant la porte du loft de Monroe, Braxton ne pût s'empêcher de ressentir une légère appréhension. Il ne comprenait pas vraiment la raison de sa venue ici. Habituellement, les deux hommes se voyaient lorsque le pompier avait besoin de ses anti-douleurs. Mais Aaron avait vu juste en pointant du doigt le fait qu'il l'avait déjà fourni il y a trois semaines environ. Il n'avait pas pu ingurgiter toutes les boîtes en si peu de temps ? Fronçant les sourcils, il ne comprenait même pas pourquoi il s'inquiétait pour Monroe. Certes, il entretenait une relation différente avec ce dernier qu'avec ses autres clients. C'était bien le seul avec lequel il couchait. Frappant à la porte, il tenait précieusement le sachet entre les mains et sourit lorsque le pompier lui ouvrit. « Bonsoir ! » Entrant dans le loft, il fronça légèrement les sourcils lorsqu'une odeur vînt lui chatouiller les narines. Ça sentait drôlement bon ! Se dirigeant vers le salon suite à l'invitation de Valentine, Braxton commençait à se demander ce qu'il faisait là. Après tout, c'était Monroe qui l'avait invité sans vraiment être très clair. Et à priori, ce dernier devait attendre quelqu'un, sauf s'il avait décidé de cuisiner pour son plaisir personnel. S'installant sur un canapé qu'il avait foulé à de nombreuses reprises, il observa d'un air ahuri Monroe. « Du vin ?... Je... Oui, pourquoi pas ? » Déglutissant, il serrait le sachet dans sa main de plus en plus fort alors qu'il essayait de comprendre ce qui se passait. Regardant le brun se diriger vers la cuisine pour leur servir un verre de vin, il avait l'impression d'interrompre quelque chose. Le voyant revenir avec deux verres, il le remercia et bût une gorgée, comme pour se donner du courage. « Tiens, je t'ai apporté ça ! Tu n'as pas été très clair dans ton message mais je me suis dit que c'était la raison pour laquelle tu m'as fait venir ! » Lui tendant le paquet, il observa la table dressée et regarda Monroe. « Tu attends quelqu'un d'autre ? Il fallait me le dire, je serais venu plus tôt ! » Attrapant son verre, il en avala la moitié, ne prenant même pas le soin de déguster. Il n'avait pas envie d'être là lorsque la personne avec qui Monroe allait dîner arriverait. L'idée qu'il dîne avec quelqu'un le gênait, bien plus qu'il ne se l'avouait.

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J'invitais Braxton à entrer. Ce n'était pas la première fois qu'il venait, ni même la dernière. J'aurais toujours besoin de ses services pour me fournir en anti-douleurs, même si notre soirée n'était pas sous le signe d'une quelconque transaction illégale. Ne m'attardant pas au sachet qu'il tenait entre ses mains, je le suivais dans le salon et me proposais derechef un verre de vin blanc, sortie fraîchement du frigo. « Du vin ?... Je... Oui, pourquoi pas ? » Le jeune Sheldon semblait surpris mais sa réaction ne m'étonna pas. Mon invitation n'avait pas été assez explicite et je l'avais appelé comme je le faisais quand j'étais en manque ou que j'avais un besoin de mes substances en urgence. J'envoyais une multitude d'information que je me demandais comment Brax avait réussi à comprendre qu'il devait venir chez moi. Encore heureux qu'il soit là. Je me dirigeais donc vers la cuisine, sortais deux verres et versais le vin dedans. J'éteignais le feu de mon plat et revenais vers mon dealeur. Je lui donnais son verre et gardais le mien entre mes mains. Il en but immédiatement une gorgée. Je souris, le suivant dans cette démarche. « Tiens, je t'ai apporté ça ! Tu n'as pas été très clair dans ton message mais je me suis dit que c'était la raison pour laquelle tu m'as fait venir ! » Les cartes tombaient et mon intuition se révélait être la bonne. Braxton n'avait pas compris le sens de mon invitation et cette situation m'amusait. Je restais donc silencieux, savourant les doutes et la surprise du jeune homme en face de moi. J'attrapais son sachet sans rien ajouter et buvais une nouvelle gorgée de vin.

Tandis que je regardais l'intérieur de sachet et en sortais des boites de médicaments inscrit sous de faux noms, j'avais tout de même un œil discret en direction de mon dealeur. Il m'interpella et je relevais mon regard vers lui. « Tu attends quelqu'un d'autre ? Il fallait me le dire, je serais venu plus tôt ! » Je restais muet un instant, savourant mon verre avec délectation. Je tournais mon visage vers la table que j'avais dressé un peu plus loin. « Oui, j'attendais quelqu'un. » Commençais-je par lui avouer. Je n'allais pas lui dire le fond de mes pensées. Je voulais lui torturer l'esprit pendant quelques minutes, histoire de m'amuser en ce début de soirée. Il m'en voudrait peut-être mais l'occasion ne se représenterait probablement pas. « Je l'attends toujours. Même s'il est physiquement présent, je ne crois pas qu'il ait encore compris que l'invité, c'était lui. » Je riais légèrement et bus une autre gorgée de vin. Je lançais un clin d’œil complice en direction de Brax. « T'en penses quoi ? » J'espérais qu'il comprenait maintenant et qu'il apprécierait le geste. Je l'invitais à dîner sans qu'il ne me rende un service en échange. Juste un repas entre deux hommes libres et n'ayant pas eu d'affaire en cours pour la soirée. Quoi qu'il en soit, j'étais déjà satisfait de le voir chez moi, un verre à la main. Un verre qui était déjà presque vide. Je me levais donc du canapé, retournant en cuisine pour prendre la bouteille de vin. Je resservais Braxton. « J'espère que tu ne te sens pas obliger de rester. Je pensais avoir été assez clair. Mais apparemment non puisque tu m'as ramené tout ça. » Je lui rendais son sachet. Je n'en avais pas besoin. Pas pour le moment. « Tu reviendras une autre fois pour mes drogues. Ce soir, je t'offre le repas. Si bien sûr, tu n'avais rien d'autres de prévu... » Oui, c'était une façon détourner de savoir s'il comptait rester et si l'envie de partager un dîner avec moi l'enchanterait. Déjà, il appréciait mon vin. Peut-être que ça signifiait qu'il resterait pour le reste de la soirée ? Peut-être même qu'il se laisserait aller pour oublier cette relation dealeur/client et ne penser qu'à nous deux comme deux êtres farouchement attirés l'un vers l'autre ?

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Son sachet à la main, Braxton était mal à l'aise, pour le première fois. Il n'avait jamais été le genre d'hommes à se laisser dominer par la tension ou le stress et encore moins lorsqu'il était avec Monroe. Les choses étaient simples avec le pompier, aussi claire que de l'eau de roche. Enfin, si on omettait les quelques doutes qui traversaient de temps à autres l'esprit de Sheldon lorsqu'il pensait au brun. Installé dans le canapé, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que quelque chose se tramait dans cet appartement. Jamais Monroe ne lui avait proposé du vin et il n'avait jamais senti une odeur aussi agréable se dégager de sa cuisine... La conclusion était simple : Le pompier avait invité quelqu'un à dîner. Lui donnant ce pourquoi il pensait être venu, le dealer ne comptait pas s'attarder trop longtemps. Il n'avait pas envie que quelqu'un ne découvre leur petit arrangement et il était certain que Monroe non plus. Curieux, il préféra s'assurer de la situation et la réponse du pompier fût exactement celle à laquelle il s'attendait. Il attendait quelqu'un pour dîner et au vu de l'ambiance, ce n'était pas un dîner entre deux simples amis ou un dîner avec de la famille. Il y avait une ambiance un peu plus chaleureuse et intime, même s'il était loin d'être expert dans la matière.

Mais la suite de la réponse ressembla plus à un coup de massue. Observant son interlocuteur, il fronça les sourcils, essayant d'enregistrer ce qu'il venait de dire. « Tu veux dire que tout ça, c'est pour moi ? » Il avait l'air sûrement stupide de réagir de la sorte mais c'était bien la première fois qu'on l'invitait à dîner. Repensant à l’invitation du brun, il ne se souvenait pas avoir entendue Monroe parler d'un quelconque dîner. A la rigueur, ils auraient très certainement passé la nuit ensemble parce que c'était devenu une habitude entre eux mais un dîner ? « Donc tu n'avais pas besoin de médocs ? » Au lieu de répondre à la question, il préféra s'inquiéter sur sa marchandise. Il était mal à l'aise, il ne savait pas ce qu'il était sensé dire ou faire. Il n'avait jamais eu de relations sérieuses, ce qui signifiait qu'il n'avait jamais eu l'occasion de dîner avec une personne auquel il tenait. S'il pouvait classer le pompier dans cette catégorie d'ailleurs... Le regardant s'éloigner dans la cuisine, Braxton essaya de reprendre ses esprits. Ce n'était qu'un dîner après tout. Il avait l'habitude de négocier avec des gens dangereux à longueur de journées, ce n'était pas un dîner avec Monroe qui allait le tuer, si ?

Remerciant ce dernier lorsqu'il lui servit du vin, il avala une longue gorgée avant de récupérer son sachet. « Non, je n'avais pas compris ça ! Habituellement, on ne se voit que pour ça, donc je n'ai pas cherché plus loin... » Offrant un sourire au pompier, il joua avec le verre, faisant tournoyer le liquide à l'intérieur. Il allait rester, parce que Monroe semblait avoir fait des efforts pour préparer tout ça et parce que même s'il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait, il aimait bien la présence de ce dernier. Il ne saurait qualifier ce que représentait Monroe : Un ami ? Un simple amant ? Un client ? Habituellement, il ne perdait pas de temps à s'attarder sur ce genre de futilités. Mais ce soir, il allait peut-être devoir faire face à la réalité de la situation. « Non, je n'ai rien de prévu et ça me ferait vraiment plaisir de dîner avec toi. » Un sourire sincère sur les lèvres, Braxton n'était pas à l'aise et le fait que son interlocuteur le soit ne faisait qu'augmenter son malaise. « Tu invites souvent ton dealer à dîner ? Parce que si tu crois que ça va te donner le droit à des prix, tu te mets le doigt dans l’œil... » L'humour avait toujours été son moyen de défense lorsqu'il était dans cette situation, ce qui était rare. Cette soirée avait l'air d'un guet-apens, même s'il avait confiance en Monroe, même s'il appréciait la présence du pompier. Était-il vraiment prêt émotionnellement à se poser les bonnes questions sur ce qu'il se passait entre lui et le combattant du feu ?

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Le malaise était grand. Je l'avais remarqué et je me doutais que Braxton avait lui aussi conclu que je m'en amusais légèrement. Ces silences étaient volontaires. Ces non-dits également et un verre de vin en plus ne pourrait lui faire de mal. Je m'étais mal exprimé. Je n'avais pas été assez clair pour me faire comprendre. J'avais lancé l'invitation sans pour autant l'avouer à haute voix. Peut-être que était-ce inconscient ? Peut-être que mon esprit n'avait pas voulu que je prononce ces mots pour ne pas espérer une réponse négative ? Toutes les solutions étaient envisageables et Brax ne me simplifiait pas la tâche. Il était mon dealeur et mon amant. Chose encore plus extraordinaire, je ne savais pas vraiment comment définir notre relation à la fois illégale et passionnée. Tout ce qui entourait cette histoire était un point noir dont j'ignorais la finalité. Mon impulsivité m'avait poussé à lui dire de venir. Je lavais appelé sur un coup de tête et je me retrouvais avec lui dans mon salon à boire une bouteille de vin blanc en attendant que le repas soit préparé. J'aimais contrôler les évènements entourant mon existence. J'aimais savoir où je mettais les pieds et, avec le jeune Sheldon, je marchais les yeux bandés au-dessus d'un ravin. Je pouvais tomber à tout moment car aucun de nous deux n'avait encore mis de mots sur cette relation que nous liait l'un à l'autre.

« Non, je n'avais pas compris ça ! Habituellement, on ne se voit que pour ça, donc je n'ai pas cherché plus loin... » Je me sentais con, légèrement décontenancé mais je ne montrais rien. Je buvais mon verre de vin pour cacher mes sentiments. Je n'avais que ça à faire puisque la conversation mettait en avant l'incroyable talent que j'avais pour ne pas me faire comprendre. Ça me passerait. Probablement. Même si je craignais que mon comportement soit récurrent en présence du Braxton. Il était si... Et j'agissais comme un abrutis quand il était là. Bien heureusement, j'étais passé maître dans l'art de dissimuler mes sentiments, hormis quand la colère me prenait. « Non, je n'ai rien de prévu et ça me ferait vraiment plaisir de dîner avec toi. » Bien. Je ne pouvais laisser échapper un sourire quand j'aperçus celui de mon invité. J'étais satisfait et, surtout, j'étais beaucoup plus détendu comme si toute la pression était retombée. Dorénavant, je pouvais profiter pleinement de notre soirée sans qu'il n'y ait de quiproquos ou de non-dits entre nous. J'étais maintenant entièrement à mon aise, même si j'appréhendais la suite de la soirée. Entre Brax et moi, il n'y avait jamais eu ce genre de rendez-vous. Tout s'enchainait. Il me fournissait en drogue, je le payais et on couchait ensemble. Ou inversement. Il me fournissait, on couchait et je le payais. Dans tous les cas, nos rencontres se terminaient toujours de la même manière. Que se soit chez lui, chez moi ou autre part. « Tu invites souvent ton dealer à dîner ? Parce que si tu crois que ça va te donner le droit à des prix, tu te mets le doigt dans l’œil... » Un sourire en coin se dessina sur mon visage tandis que je me levais pour préparer le reste du dîner. Je me dirigeais dans la cuisine avec mon verre de vin que je terminai sur le chemin. Je le posais sur le comptoir, invitant Brax à me rejoindre sur les chaises hautes pendant que je terminais notre repas.

Je me servais un deuxième verre que je posais non loin de moi alors que je tournais les ingrédients mélangés dans la casserole afin de faire cette sauce dont j'avais seul le secret. Encore une histoire de famille. « Je ne m'attendais à rien. Je n'imaginais même pas que tu puisses me faire un prix. Au vu de notre première échange à ce sujet, je savais bien que je n'obtiendrais pas tes grâces avec un simple repas. » Je ne tombais pas des nus. Ces révélations ne me touchaient pas puisque je savais que Braxton n'était pas sensible à l'affectif en ce qui concernait les affaires. « Ce n'est qu'un dîner. Rien de plus, rien de moins. Juste toi et moi autour d'un repas. » Je goûtais alors ma préparation. C'était bon. Je rallumais le feu et réchauffais le tout. « Et je n'invite pas n'importe qui ici... Surtout à dîner. Je ne suis pas un grand cuisinier. Il me faut donc une occasion spéciale pour m'y mettre et encore ce ne sont que des pâtes en sauce. Rien d'extraordinaire. » Je voulais faire passer ce dîner pour un banal repas. Était-ce le cas ? Peu importe. Je ne voulais pas coller d'étiquette à tout cela, à nous, à cette relation ambiguë dans laquelle nous étions. « Et puis ce n'est pas comme si tu n'étais jamais venu chez moi... Ça nous changera de nos rencontres habituelles, destinées à ton petit marché et à mon bien-être addictif. »

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Habituellement, Braxton aimait ce genre de situation, de challenge. Il aimait se retrouver face à l'inconnu car cela lui permettait de tester sa façon de rebondir, de se sortir de situation délicate. C'était quelque chose qu'on devait savoir faire quand on grandissait dans la rue et surtout quand on faisait un métier comme le sien. Tenir un réseau, ce n'était pas aussi simple qu'on ne le pensait. Vivre dans l'illégalité, devoir affronter en parallèle, les forces de l'ordre et les bandes rivales, c'était parfois aussi difficile que de travailler dans le monde des finances. Mais il aimait ça, sinon il ne serait pas retourné dans le business et se serait contenté du salaire que lui fournissait la police pour son boulot d'indic. Mais là, c'était autre chose, ce n'était pas du matériel. C'était... Sentimental ? Ce mot, complètement étranger à son vocabulaire, lui donnait des sueurs froides. Pourtant, c'était l'inconnu pour lui. Il ne savait pas ce que c'était et il n'était pas vraiment pressé de le découvrir. Il aimerait tellement que sa relation avec Monroe reste telle qu'elle était mais ce n'était pas possible, plus possible. Assis, un verre de vin à la main, il se sentait stupide. Braxton avait envie de fuir mais quelque chose le retenait. Et cette chose, c'était l'homme en face de lui. D'une manière ou d'une autre, il éprouvait un certain attachement pour ce dernier. Il était assez lucide pour savoir qu'il n'y avait plus uniquement qu'une relation de dealer/client entre eux mais il ne voulait pas voir ce qu'il y avait réellement. Néanmoins, il ne s'agissait que d'un dîner, pas une demande en mariage ou autre chose du même genre.

Et rien que le sourire du maître des lieux, suffit au dealer à ne pas regretter son choix. Il fonçait tête baissée dans une situation qu'il ne maîtrisait pas. C'était assez pathétique de se dire qu'il allait certainement avoir son premier rendez-vous alors qu'il était âgé de vingt huit ans. Vingt huit ans, qu'il fuyait consciemment ou non, toute relation avec quelqu'un et il ne voyait pas pourquoi ça serait différent avec le pompier. Tentant l'humour pour se détendre, Braxton suivit Monroe jusqu'à la cuisine, prenant son verre au passage. S'installant sur une chaise haute, il plissa des yeux devant la normalité de cette scène. Combien de personnes avaient déjà vécu cette scène ? Voir son compagnon en train de préparer à dîner, voir sa femme ou son mari en train de concocter un plat pour toute la famille ? Jamais, il n'avait vu ça. Il n'avait connu que la cantine de l'orphelinat et les quelques repas en solitaire qu'il s'accordait chez lui. « Les affaires sont les affaires ! Mais je suis honnête, je pourrais profiter de ta dépendance pour augmenter les tarifs mais faut croire que j'y trouve mon compte au final ! » Haussant les sourcils de manière suggestives, il était flatté d'apprendre qu'il était un des rares à bénéficier des talents culinaires du pompier. Les mots du brun le rassurèrent : ce n'était qu'un simple dîner, rien de plus. Il avait beau se répéter ça en boucle, il fallait être aveugle pour ne pas voir l'éléphant dans la pièce. La tension était palpable entre eux, une tension qui les poussait à chaque fois à finir dans les bras l'un de l'autre. « Ouais, mais autant te prévenir tout de suite, je ne suis pas vraiment à l'aise avec ce genre de repas ! Je suis plutôt novice, si tu vois ce que je veux dire... »

Tournant le vin dans son verre, il l'avala cul sec, n'osant pas regarder son interlocuteur dans les yeux. Il avait honte de ce fait, honte d'être vierge de toute relation sérieuse. Il n'avait connu que l'amitié et les coups d'un soir. En réfléchissant, il n'avait jamais entretenu une relation aussi longue avec quelqu'un. Jouant avec le verre, il finit par relever la tête vers Monroe. Ce dernier était un mec sympa, il le reconnaissait. Il faisait un boulot dangereux, il semblait être propre sur lui. Sa seule tare - tout du moins à sa connaissance - c'était sa dépendance aux anti-douleurs. Braxton ne pouvait se vanter de sauver des vies, bien au contraire. Il aidait à la destruction de certaines et ça ne l'empêchait pas vraiment de dormir tous les soirs. « Je ne sais pas pour toi mais je n'avais pas du tout cette image de toi, la première fois que je t'ai vu. Quand tu es venu m'approcher dans cette ruelle, je t'avais imaginé comme étant un père de famille, un mari aimant. Tu vois le cliché de la famille américaine ? Et bien, ça... » Il essayait de faire la discussion, montrer au brun qu'il n'était pas mal à l'aise. « Je n'aurais jamais cru que j'aurais à faire avec un pompier célibataire et homosexuel ! Loin de moi l'idée de m'en plaindre... »

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« Les affaires sont les affaires ! Mais je suis honnête, je pourrais profiter de ta dépendance pour augmenter les tarifs mais faut croire que j'y trouve mon compte au final ! » Je tournais mon visage dans sa direction, affichant un sourire au coin de mes lèvres. Je n'avais jamais douté de ce fait. Tout dealeur avait besoin de faire sa part de marché et j'étais plutôt heureux que Braxton n'augmente pas ses tarifs. Moi aussi j'y trouvais mon compte et s'il changeait ses prix, je serais dans l'obligation d'aller voir ailleurs car je ne pouvais pas payer plus. Je n'étais pas le plus riche. Pourtant, je serais déçu de devoir le quitter. Il m'apportait un certain équilibre et ma vie sexuelle en était épanouie. Pourtant, un homme de feu ne devrait pas sortir des sentier battus et flirter avec l'illégalité. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher. J'étais comme attiré par le jeune Sheldon que toutes mes décisions et mes idées préconçues en étaient touchés. Je n'étais plus le même car jamais je n'aurais cédé aux désirs de la chair si j'avais été en pleine possession de mes moyens. « Ouais, mais autant te prévenir tout de suite, je ne suis pas vraiment à l'aise avec ce genre de repas ! Je suis plutôt novice, si tu vois ce que je veux dire... » J'en étais rassuré. La dernière fois que j'avais réellement cuisiné, c'était pour ma sœur. Elle était passé à l'improviste et je lui avais servi des pâtes sauce bolognaise. Rien de transcendant, comme ce soir.

J'arrêtais alors le feu, égouttant les pâtes pour ensuite les verser dans un plat. J'attrapais mon verre de vin et bus une gorgée. Je sentais le regard de mon invité sur chacun de mes faits et gestes. C'était déstabilisant mais je continuais mes tâches en versant la sauce sur les pâtes. « C'est prêt ! » M'exclamais-je fièrement. J'apportais alors le plat jusqu'à la table où j'avais disposé assiettes, couverts, serviettes et verres. Je n'avais pas mis les chandelles. Heureusement. Je n'étais pas de ces hommes qui se disait romantique, surtout pas une histoire qui n'existait même pas et dont je ne connaissais pas les conséquences à venir. « Je ne sais pas pour toi mais je n'avais pas du tout cette image de toi, la première fois que je t'ai vu. Quand tu es venu m'approcher dans cette ruelle, je t'avais imaginé comme étant un père de famille, un mari aimant. Tu vois le cliché de la famille américaine ? Et bien, ça... » Je me redressais après avoir déposé le plat sur la table et me retrouvais face à Brax. Je le regardais dans les yeux, écoutant chacun de ses mots avec attention. Je portais de temps en temps mon verre à mes lèvres pour boire quelques gorgées de vin. « Je n'aurais jamais cru que j'aurais à faire avec un pompier célibataire et homosexuel ! Loin de moi l'idée de m'en plaindre... » Je posais une main sur son épaule. « Oui, loin de toi de t'en plaindre. Tu ne m'as jamais dit que tu regrettais chacun de nos instants ensemble. T'étais même du genre à en redemander. » Lui lançais-je sur un ton amusé. Je riais légèrement. Il n'aurait jamais dû me commencer à discuter de la première impression que je lui avais faite. « Et moi, je n'aurais jamais cru que je coucherais avec un dealeur notoire. Comme quoi, on va de surprises en surprises nous deux. » Je riais à nouveau. « Bon allez, viens et installes-toi où tu veux. Le dîner est servi ! »

J'apportais une nouvelle bouteille de vin et posais mon verre à ma place, celle que Braxton n'avait pas choisi. Je commençais par nous servir en silence avant de m'asseoir sur ma chaise. Je plongeais mon regard dans celui de mon amant et levais mon verre. « A ton premier dîner dans le genre, même si ce n'est pas le plus grand repas gastronomique qu'il puisse exister ici ! » Je lui souris, trinquant en sa compagnie. « Alors dis-moi, tu acceptes souvent de dîner et coucher avec tes clients ? » On en était aux confidences. Je mettais donc les pieds dans le plat en débutant la conversation. Brax avait posé sa question. J'y avais répondu. Maintenant, c'était à son tour de passer aux aveux et j'avais hâte d'entendre sa réponse. « Parce que je ne suis pas sûr que se soit très professionnel de ta part de faire "ami-ami" avec ta clientèle. A moins que je ne sois une exception... Et dans ce cas, j'aimerais bien le savoir. »

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Se mordant la lèvre, Braxton pianota son verre vide nerveusement alors que Monroe semblait mettre la touche finale à son plat. Le dealeur avait faim et l'odeur qui lui chatouillait les narines avait réveillé ses papilles gustatives ainsi que son estomac. Il savait qu'il allait droit dans une longue soirée remplie d'obstacles et il voulait l'affronter avec le ventre plein. Il n'avait peut-être jamais été dans cette position auparavant mais il savait comment ça se passait. Ils allaient devoir se dévoiler un peu pour éviter de manger dans un silence de mort et au fur et à mesure des confidences, ils en viendraient à se rapprocher de plus en plus. Comme dans les films pourris qui passent de temps à autre sur les chaînes nationales ou le câble... Il était déjà assez proche de Monroe comme ça, peut-être trop à son goût. Et en même temps, une infime partie de lui, celle qu'il n'écoutait jamais, semblait vouloir un peu plus. Sa chemise à carreau lui allait comme un gant et il était tout à fait séduisant le plat de pâtes à la main. Obéissant à la requête du maître des lieux, il se dirigea vers la table. Arquant un sourcil, il se servit un nouveau verre de vin. A ce rythme, ils allaient l'avoir fini en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. L'alcool lui donnait du courage, pour affronter la réalité des faits. Ne supportant pas le silence, il décida de faire un effort et de lancer un sujet, même banal.

Monroe était certainement le genre d'hommes dont toute personne rêverait d'avoir dans son lit. Il était grand, musclé, plutôt sympathique... C'était pourquoi il avait tout de suite imaginé ce dernier casé, avec des enfants. Il avait pensé qu'une femme aurait rapidement mis le grappin dessus mais il s'était trompé. Ne le quittant pas des yeux, il frémit l'espace de quelques secondes en sentant la main du brun sur son épaule. C'était un geste pourtant anodin, les doigts de Monroe avait été dans des endroits bien plus intimes de son corps mais au vu de la situation, rien n'était plus anodin. « En même temps, tu n'étais pas non plus le dernier à refuser, bien au contraire... Nous sommes aussi fautif l'un que l'autre, si je peux me permettre ! » Il avait trouvé un certain équilibre dans sa vie sexuelle avec Valentine. Le pompier le comblait, complètement. Il n'avait jamais été vraiment à la recherche du plaisir ou du partenaire idéal. Il n'était pas du genre à sortir en boîte ou dans les bras tous les soirs pour ramener quelqu'un- Au contraire, il faisait les bars et les boîtes de nuit pour faire son bénéfice de la journée... - Secouant la tête suite aux propos du brun sur le fait qu'il n'aurait jamais imaginé avoir une relation avec un dealer, il se contenta d'hausser les épaules. « A croire que ce genre de choses arrivent réellement à des moments où on ne s'y attend pas et avec des gens qu'on aurait jamais imaginé... »

Levant son verre avec Monroe, ils trinquèrent à cette soirée plus ou moins improvisé et Braxton ne put s'empêcher de sourire en voyant que le pompier passait à l'attaque. Était-ce le but de la manœuvre ? Le forcer à se dévoiler un peu plus... Est-ce que le fait de coucher avec lui, donnait le droit à Monroe d'en savoir plus ? Il savait déjà le pire après tout ! « Non, tu es le seul ! Je ne suis déjà pas quelqu'un qui couche à droite et à gauche mais j'évite de coucher avec mes clients ! Je n'aime pas mélanger vie professionnelle et vie amoureuse, enfin si on considère que j'en ai une ! » Mais il savait que la question en sous entendait une autre. Pourquoi lui ? Et ça, Braxton n'en avait pas la moindre idée. Bien sûr, Monroe était son type d'hommes mais ça n'expliquait pas cette envie oppressante de l'embrasser à chaque fois qu'il le voyait. Une envie qui devenait de plus en plus forte au fur et à mesure de leurs rencontre. « Je ne saurais pas t'expliquer pourquoi toi plutôt qu'un autre... En faite, j'essaye de ne pas trop y réfléchir ! Tu me plais, je me sens bien avec toi et je préfère m'arrêter là, tu comprends ? J'essaye de ne pas trop compliquer ma vie... » Il était sincère, à quoi bon mentir ? Laissant le brun lui servir, il finit par rajouter. « Même si ça n'a pas l'air d'être une réussite... » Se plongeant dans le plat de pâte qu'il avait dans l'assiette, il se délecta du plat, espérant que son commentaire n'attirerait pas trop l'attention du pompier. « Et toi ? Pourquoi tu couches avec un homme comme moi ? Un délinquant ? Tu sembles être un mec bien, honnête... Tu mets ta vie en danger pour sauver les autres ! Tu devrais trouver un homme bien, facilement, non ? » Détourner la conversation pour s'extirper de la situation compromettante dans laquelle il s'était mise, c'était ce qu'il savait faire le mieux.

He is a bad boy with a tainted heart
Sex without love is a meaningless experience, but as far as meaningless experiences go its pretty damn good.

« En même temps, tu n'étais pas non plus le dernier à refuser, bien au contraire... Nous sommes aussi fautif l'un que l'autre, si je peux me permettre ! » Sourire en coin. Regard aguicheur. Et je finissais d'organiser le dîner. Je n'aurais jamais penser que cette relation puisse durer aussi longtemps. Au départ, juste pour un coup d'un soir, on a finalement remis ça. Et encore, et encore... Et encore. Pour ne plus nous arrêter et en arriver où nous en étions ce soir, c'est-à-dire dîner en tête à tête dans mon loft sans personne pour nous déranger, sans personne pour nous interrompre, sans personne pour nous juger et nous épier. Le dealeur et son pompier pouvaient ainsi dîner, flirter et se regarder sans qu'une tiers personne vienne gâcher un moment comme celui-ci. Je riais légèrement face à sa nouvelle réplique. Oui, je n'aurais jamais imaginé cette relation avec un dealeur. Oui, je n'aurais jamais pensé qu'une nuit se terminerait en une autre nuit et une autre et encore une autre puis un dîner. Un dîner plutôt simple et sans prise de tête. J'avais pris mon médicament avant son arrivée, j'étais maintenant d'attaque à toute éventualité car, si la soirée se terminait comme toutes nos autres rencontres, elle promettait d'être particulièrement chaude. Ce n'était pas pour me déplaire. Comme le disait Braxton, je n'avais jamais refusé ses avances. Je n'y avais même jamais pensé. Que se soit l'un ou l'autre, nous succombions toujours aux avances de l'autre, à ses envies et ses désirs pour satisfaire ces pulsions qui nous animaient à chaque fois que l'on se croisait.

Pourtant cette histoire - notre histoire - prenait un autre tournant. Ce dîner reflétait sans nulle doute bien plus qu'un simple tête à tête anodin. Je ne voulais pas l'admettre. Je n'avais jamais eu de relations sérieuses, n'avais jamais été amoureux et n'avais encore moins été autant attiré par quelqu'un. A croire que cette attirance physique que nous avions dépassait les limites que nous nous posions et que notre relation relevait plus de l'alchimie entre deux hommes plutôt qu'une une simple histoire de sexe. Inimaginable, n'est-ce pas ? « Non, tu es le seul ! Je ne suis déjà pas quelqu'un qui couche à droite et à gauche mais j'évite de coucher avec mes clients ! Je n'aime pas mélanger vie professionnelle et vie amoureuse, enfin si on considère que j'en ai une ! » Plutôt satisfait de sa réponse, je ne pus retenir un nouveau sourire qui grandissait au fur et à mesure que je réalisais la singularité de notre relation. J'étais unique. J'étais même peut-être son client favoris. Celui à qui il ne dirait jamais non. Celui qui pourrait le faire changer d'avis. Celui qui pourrait lui faire quitter son job officieux pour une chaude nuit sous mes draps. Être l'exception à la règle me convenait amplement. « Je ne saurais pas t'expliquer pourquoi toi plutôt qu'un autre... En faite, j'essaye de ne pas trop y réfléchir ! Tu me plais, je me sens bien avec toi et je préfère m'arrêter là, tu comprends ? J'essaye de ne pas trop compliquer ma vie... Même si ça n'a pas l'air d'être une réussite... » Une réussite ? Que voulait-il dire ? Pourquoi employer ces termes précis ? Braxton venait de piquer ma curiosité et je ne comptais pas la laisser tourner en rond plusieurs fois dans ma tête avant de prendre la parole. Alors que je m'essuyais la bouche pour oser élever la voix et rentrer dans le vif du sujet, mon invité me coupa l'herbe sous les pieds et prit brusquement les rennes de la conversation. « Et toi ? Pourquoi tu couches avec un homme comme moi ? Un délinquant ? Tu sembles être un mec bien, honnête... Tu mets ta vie en danger pour sauver les autres ! Tu devrais trouver un homme bien, facilement, non ? » Chose qu'il ignorait encore, mais son subterfuge pour me faire oublier ces mots ne fonctionnait pas avec moi. Je n'étais pas le plus con des pompiers et encore moins le plus naïf et influençable. Je lui donnais donc l'opportunité d'oublier ces paroles passés, le regardant d'un air amusé. Je répondrais à sa question puisqu'il en avait décidé ainsi. Toutefois, je gardais au fond de ma mémoire ce petit évènement qui n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

Je reprenais une nouvelle fourchette de pâte, me délectant de ce repas et de ce vin l'accompagnant. Je m'éclaircis ensuite la voix et posais mes coudes sur la table tout en serrant mes doigts entre eux. Je prenais un air sérieux et fixais le jeune Sheldon. « Les hommes biens ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Qui te dis que je suis quelqu'un de bien ? Qui te prouve que je ne suis pas capable du pire ? » Je parlais en connaissance de cause car je savais que j'étais prêt à tuer l'assassin de mon cadet de mes propres mains. De plus, j'étais un addict aux anti-douleurs, je me fournissais illégalement et j'avais même acheté une arme via un trafic dans la ville. Étais-je donc un homme bien ? La question restait entière. « Tu ne me connais pas, Brax. Pas aussi bien que tu ne le crois. » Oui, le dealeur ne me connaissait pas. Il n'avait vu jusque là qu'une infime partie de ma personne. Il connaissait mon plus grand défaut et ma plu grande honte mais il ne savait pas ce qu'il se cachait derrière cette façade impressionnante sur laquelle je jouais énormément. « Chaque homme a ses secrets... Et tu es bien loin de tous les connaître à mon sujet. Mon addiction n'est qu'une partie de l'équation qu'est ma vie. » Je ne me mettais pas à nu. Loin de là. J'omettais seulement certains indices pouvant attiser l'intérêt de ce délinquant qui avait réussi à gagner mon estime et mon lit. « Je peux paraître bien et honnête mais, dans le fond, je suis une âme plus noire qui n'attend que le jour où elle se réveillera. Et je sais déjà quand cette date arrivera... En attendant, si je couche avec toi, c'est parce que j'en ai envie. C'est parce que je prends mon pied et que le sexe avec toi est toujours un moment inoubliable. Si je n'étais pas intéressé, on ne se serait pas revu. Je n'aurais pas continué de me fournir chez toi et surtout, je ne t'aurais pas invité à dîner. Et pour terminer... » Braxton était l'homme qu'il me fallait. Je n'avais pas choisi son métier mais je le choisissais lui. Ok, je n'étais pas un sentimentale mais cette forte attirance me rendait dépendant d'une autre personne que moi et ça me rendait étrangement et bizarrement romantique sur quelques légers points. Ce dîner en était un exemple. Cependant, je ne pouvais m'avouer clairement ce que tout ceci représentait et je préférais l'ignorer pour me focaliser sur une chose importante... « En quoi ta vie est difficile en ce moment ? »