i’m a choice you can’t choose

VOTRE AVIS SUR LA VILLE DE WASHINGTON ✮ Elle est belle, elle est grande, et elle lui rapporte pleins de sous. Faut pas se voiler la face, Paige  est avant tout ici pour le travail. Washington a l'avantage d'être une ville bien organisée et plus tranquille que New York, qui fait vite tourner la tête quand on y passe trop de temps. Ce n'est pas tout à fait son chez-elle, pas encore, mais peut-être bien que ce serait possible. Elle ne détesterait pas, dans tous les cas. VOTRE MEILLEUR ET VOTRE PIRE SOUVENIR ✮ C'est difficile à dire. Son meilleur souvenir, ce serait peut-être quelque chose de totalement stupide et dont elle ne parle jamais, parce que c'était tellement ordinaire. C'était une journée toute en simplicité, la famille, un peu de bouffe, et pleins d'amour, mais, étrangement, cette journée est restée gravée dans la mémoire de Paige comme l'une des journées les plus importantes de sa vie. C'est comme ça qu'elle aimerait son futur: du soleil, des gens qu'elle aime et beaucoup, beaucoup de bonheur. Son pire souvenir, ce serait sans contredit cette fois, l'un de ses premiers incendies, elle débutait dans le métier. Le feu était puissant, New York avait le malheur d'être très peuplé et les immeubles s'entassaient. Leurs équipes étaient bien entraînées, mais le feu avait été déclaré trop tard et un enfant a été gravement blessé. Il ne s'est pas sorti vivant de son séjour à l'hôpital. C'est le goût de la défaite qui brûle les lèvres de Paige lorsqu'elle se rappelle cette journée. Le choc de comprendre ce que cela signifiait d'avoir entre les mains les vies d'innocents, et d'autres moins innocents. JUSQU'OU SERIEZ VOUS PRÊT A ALLER POUR SAUVER UNE VIE ✮ Très très très loin. C'est son métier, et Paige n'a pas choisi ce métier pour rien; elle veut sauver des vies, aider les gens et peu de choses peuvent l'arrêter lorsque quelqu'un est en danger. C'est difficile à expliquer pourquoi elle fait ça, pourquoi elle est prête à mettre sa propre vie en risque pour aider quelqu'un, souvent quelqu'un qu'elle ne connait pas, mais c'est comme si c'était dans ses gènes. Elle a toujours été cette gamine qui se levait pour défendre les plus fragiles, celle dont personne ne se moquait, parce que les apparences sont trompeuses et qu'elle sait se défendre. Pourtant, ce n'est pas comme si elle était toujours la plus gentille, ou qu'elle avait constamment le coeur sur la main, mais les appels à l'aide l'interpellent. Peut-être bien qu'elle préfère aider les autres que de s'aider elle-même, car c'est parfois plus facile de sauter dans les flammes d'un immeuble que d'affronter son propre reflet. AVEZ-VOUS DEJA PERDU VOS MOYENS AU COURS D'UNE INTERVENTION   ✮ Celui qui n'a jamais perdu ses moyens n'a jamais affronté une véritable intervention. Les premières, quand t'as le coeur qui te bat trop vite, l'adrénaline qui te coule dans les veines et la sueur sur le front. Tes muscles tremblent sous l'effort physique, mais ils ne lâchent pas et tu te demandes pourquoi tu fais ça, si tu vas réussir, comment tous ces gens peuvent faire autour de toi pour garder leur calme, alors que des vies sont en danger, que des vies sont sur tes épaules. La pression était puissante et les flammes ne s'éteignaient pas, et le premier enfant qu'elle a sorti d'entre elles avec l'aide de son coéquipier était dans un mauvais état. À peine avait-elle mis les pieds hors de l'immeuble qu'elle perdait ses moyens, tandis que le petit corps trop frêle était arraché de ses bras. Cette nuit hante encore ses insomnies et elle préférerait l'oublier. Depuis, elle essaie de plus s'espacer, de tenir un certain mur entre les feus et elle.  Mais, il arrive que ce soit encore difficile, malgré l'expérience. LA PIRE CHOSE QUE POURRAIT FAIRE OU ETRE VOTRE VOISIN ✮ Quelqu'un qui ne se mêle pas de ses propres oignons. Le genre qui sort le nez par la fenêtre pour voir ce que vous faites, à quelle heure vous rentrez, ce que vous avez entre les mains, et qui ne se gêne pas pour poser des questions indiscrètes, comme si vous aviez envie de toujours lui raconter votre vie. Celle ou celui qui cherche toujours des potins et qui s'amuse à discuter des moindres faits et gestes des autres voisins lorsqu'elle ou il vous croise. Ce genre-là. Le genre qui n'a pas vraiment de vie, si ce n'est celles de ses voisins. C'est exactement le genre qui énerve Paige, même si des voisins qui font toujours du bruit l'énerve tout autant. En même temps, la jeune femme a du caractère et beaucoup de choses viennent lui tomber sur les nerfs.  20 CHOSES A SAVOIR SUR VOUS ✮ 1. Ce n'est pas parce qu'elle mesure moins d'1m60 qu'on peut lui marcher sur la tête. D'ailleurs, sa petite taille a été d'abord un problème pour entrer chez les pompiers, mais l'obstination a payé et elle peut enfiler l'uniforme, même si elle est plutôt petite pour tenir une hache. 2. Elle vient d'une grande famille, des oncles et des tantes, elle en a par dizaines. Elle a aussi une grande sœur et deux grands frères, qui habitent de l'autre côté des États-Unis. La mère de Paige est très protectrice et l'appelle à toutes les semaines pour avoir de ses nouvelles. C'est Paige qui lui a d'ailleurs demandé de cesser de l'appeler à tous les jours. 3. Elle a été une adolescente turbulente, mais malgré ses nombreuses frasques, elle a toujours réussi à conserver une moyenne correcte. Malgré cela, le nombre d'heures passés après les cours avec ses professeurs ont été trop nombreuses et elle a donné bien du fil à retordre à ses parents. Les bulles dans la fontaine, peut-être bien que c'était elle, peut-être bien. 4. Elle a une dent très sucrée, toujours prête à sacrifier un repas équilibrée pour un peu de sucre. D'ailleurs, elle est la première à dire qu'une journée n'est pas bien commencée sans un bol de céréales à faible valeur nutritive, mais remplies de goûts. 5. Elle a toujours fait du sport. Quand elle était gamine, c'était la gymnastique et le patinage artistique, mais adolescente elle s'est plutôt tourné vers le cheerleading, puis la boxe. Elle aime diversifier les sports et elle a une préférence assurée pour les sports plus solitaires. Elle préfère faire compétition seule qu'avec d'autres qui risqueraient de la ralentir. 6. À quinze ans, elle avait son premier petit copain, et après ils se sont enchaînés à travers les années, sans qu'il n'y en ait trop. Sa plus longue relation est sa dernière, Charlie. Elle a même accepté qu'il lui mette la bague au doigt, ce qui est une première et, espérons-le, une dernière. 7. Au cinéma, elle a un faible pour les films d'actions ou de science-fictions. Elle est plutôt mitigée lorsqu'il s'agit d'amour et elle trouve que les films à l'eau de rose ont toujours la même histoire. 8. Généralement, lorsque Paige a une opinion, il est impossible de la faire changer d'avis, à moins d'avoir les arguments les plus bétons au monde, et même à ce point, elle risque de refuser d'avouer qu'elle avait tort. 9. Les chats ne servent à rien, selon elle, si ce n'est à faire bibelot. Elle préfère les chiens qui peuvent au moins servir d'amis. Sa famille avait un labrador lorsqu'elle était enfant et c'était le meilleur chien du monde, selon elle. 10. Elle a beaucoup d'amis, mais de là à dire que ce sont des bons amis, il faut voir. La plupart sont le genre d'amis qui restent un an, peut-être deux, puis qui disparaissent de la circulation. Au moins, ils sont divertissants. 11. Elle n'a que les oreilles de percés, mais elle a un petit tatouage aux creux des reins, qui représentent un crâne, comme on trouve sur les drapeaux des pirates. Paige adore tout ce qui concerne les anciens dompteurs des océans, c'était d'ailleurs les histoires qu'elle préférait lorsqu'elle était enfant, avant d'aller dormir. 12. La solitude, ce n'est pas vraiment pour elle, elle a de la difficulté à vivre seule et elle s'ennuie rapidement lorsqu'il n'y a personne autour d'elle. On la trouve toujours entourée de quelqu'un, que ce soit son fiancé ou un de ses nombreux amis. 13. Elle n'est pas superstitieuse et elle déteste tout ce qu'elle appelle des conneries, comme les horoscopes ou le surnaturel. Elle a les deux pieds bien sur terre et refuse de croire que quelqu'un a un quelconque contrôle sur sa destinée. 14. Peu de gens l'ont déjà vu pleurer, elle n'a définitivement pas la larme facile et beaucoup de difficulté à assumer qu'elle peut être fragile, parfois. Forte, c'est ce qu'elle aime être et prouver qu'elle est aux autres. 15. Manipulatrice, hypocrite, déloyal, tricheuse, tous ces mots ont déjà servi à la décrire par d'autres personnes qu'elle-même. Si Paige a beaucoup d'amis, elle a aussi beaucoup d'ennemis. Les coups bas, elle connait, que ce soit elle qui les fait ou qui les subit. La jeune femme n'attache pas beaucoup d'importance à l'opinion des autres. La barre qu'elle se fixe à elle-même est déjà assez haute comme ça. 16. Déjà trente ans, le pas de la troisième décennie a été franchi tout récemment et la rend un peu nerveuse, même si elle n'en parle pas. Des enfants, une famille, la pression commence à se faire sentir et elle ne sait pas trop où se situer dans cette soudaine vie adulte obligatoire. 17. Sa couleur préféré est l'orange, son fruit préféré est aussi l'orange et le chiffre qu'elle préfère est le dix-sept, elle trouve qu'il a une jolie sonorité. 18. Ses parents lui ont toujours mit la pression pour qu'elle ait des enfants. Sa soeur en a déjà trois et ses frères en ont respectivement deux et un. De toute façon, elle est habituée d'être le mouton noir de la famille. 19. Ça ne fait pas longtemps qu'elle est installée à Washington, mais l'air de la ville lui fait du bien, les espaces y sont déjà plus grands qu'à New York et elle a l'impression qu'elle y trouve quelque chose qu'elle ne trouvait pas auparavant. Peut-être bien que c'est la bonne ici. En tout cas, l'argent en plus la rend bien heureuse. 20. Le stress et la nervosité de son âge, de la nouvelle ville, du nouvel emploi, des nouveaux collègues et tout ça, lui pèsent plus sur les épaules qu'elle ne le montre, surtout à son fiancé. Même l'idée du mariage commence à la terrifier, mais Paige n'est pas le genre à s'enfuir et encore moins à montrer une quelconque faiblesse ou à avouer qu'elle a fait une erreur. Elle se bat jusqu'au bout, et qui sait où tout ça les mènera... probablement dans les orties.    

Ses pieds frappaient le pavé, levant la poussière autour d’eux. Le vent frappait son visage, s’emmêlant dans ses cheveux et la laissant avec quelques nœuds et des inspirations plus profondes. L’air semblait s’entêter à ne pas pénétrer assez loin dans ses poumons, tandis qu’elle courrait, courrait, courrait. Elle courrait, courrait vers nulle part et partout en même temps. Un univers à sa disposition, prêt à l’accueillir. Elle n’était qu’à ses premiers pas, elle venait de se lever, d’apprendre à marcher. Les pas étaient sans équilibres, mais avec bon cœur, avec obstination. Déjà deux ans et têtue, elle avait du caractère. Le caractère d’une enfant qui savait ce qu’elle voulait et qui allait l’obtenir. Ses parents lui répétaient toujours qu’elle pouvait gagner si elle le voulait. Tu peux être la meilleure, tu peux réussir, si tu y mets les efforts. Alors elle les mettait. Elle courrait à fond, elle courrait, courrait, courrait. Ses poumons commençaient à s’habituer à l’effort physique, elle commençait même à y prendre plaisir. Premier jour d’école, apprendre à lire, à écrire. Déjà cinq ans, et une bouille adorable. Le genre qu’on adore dès le premier regard, avant de comprendre que les apparences cachaient un petit démon. Elle faisait ce qu’elle voulait, et elle comprit rapidement comment obéir au bon moment, comment manipuler sans que personne ne le remarque. Elle était cette gamine qui réussissait à avoir un gâteau en plus grâce à un joli sourire et le mot juste. Une seconde, elle détruisait une poupée, la seconde d’après, elle dessinait des soleils et des fleurs. Elle avait ce qu’elle voulait, elle plaisait aux adultes, était détesté de beaucoup de camarades de classe, elle réussissait.
Déjà, la compétition. Déjà, elle n’était plus seule sur la piste de course, des pas se joignaient aux siens, courraient contre les siens, elle s’essoufflait à nouveau. Elle commençait à avoir soif, tandis que ses cellules travaillaient sans relâche. Soif d’eau, soif d’apprendre, soif de découvrir. Sa soeur, ses frères, des modèles, tous plus âgés qu’elle. Elle, la petite dernière, protégée de chacun. Douze ans, déjà le besoin de se rebeller. Les vêtements qu’elle veut, les amis qu’elle veut, les sorties qu’elle veut. Son couvre-feu n’était pas assez souvent respecté, ses frères étaient trop souvent à sa recherche, la musique résonnait souvent trop fort dans sa chambre. Une rébellion comme une autre. Des ‘je te hais’ sans vérité, des mensonges parmi tant d’autres. Des mensonges qui ne faisaient pas mal, mais qui s’accumulaient.
Un début de fatigue qui lui brûlait les muscles, un moment plus difficile dans une course interminable. Des muscles qui lui criaient d’arrêter pour un instant, de faire une pause, juste un instant. Seize ans, des larmes qui lui brûlaient les yeux et qui faisaient mal. Des larmes, synonymes de faiblesse, de défaite, de douleur, de peine, d’adieu. Un premier amour qui se termine mal, des papillons qui meurent entre ses mains. Les fleurs qu’il lui avait données fanent et les sourires qu’il lui avait adressés s’évanouissent. Il n’y avait plus que douleur et interrogations. Des significations qui perdent tout leur sens et des films à l’eau de rose qui ne sont plus que des mensonges. Soudain, c’est comme une pluie, un rafraichissement contre sa peau bouillante, tandis que ses pieds continuent d’avancer, malgré la douleur, malgré la fatigue, malgré l’essoufflement. Sa mère qui prend sa main dans la sienne et qui lui murmure que tout allait se régler, qui lui soupire sa fierté dans un regard marron comme le sien. Un nouveau sourire qui lui serre l’estomac et qui lui fait croire les paroles de sa mère. Une main dans la sienne, des pas qui se joignent au sien, un espoir rallumé. Ses poings qui témoignent de sa colère, tandis qu’ils se cognent contre un matelas, les cris d’encouragement de son entraineur, l’adrénaline qui coule dans ses veines. Une passion découverte, un soulagement, une façon d’évacuer, de comprendre comment survivre. Certains ont les arts, d’autres l’alcool, d’autres les soirées enfumées, elle, c’était ses poings qui la défendaient, son corps qui s’échappaient, les encouragements, la fierté, la compétition. Elle, c’était la boxe. Chaque jour, après ses cours, elle se rendait dans ce petit club au centre de cette minuscule ville. Puis, elle bifurque, la route se sépare en deux, elle choisit la droite, tandis que les pas de sa famille, de ses amis, continue dans l’autre direction. Il lui lâche la main, il part avec les autres, elle se retrouve seule. Seule avec elle-même, seule, trop seule. Direction New York, des valises en main, un au revoir qui n’est pas un adieu. On se reverra, promis. Elle ne le reverra jamais lui, mais ça ne fait pas aussi mal. Ce n’était jamais vraiment de l’amour, de toute façon. La grosse pomme, the big apple. Les lumières qui aveuglent et qui ralentissent ses pas. Le savoir d’où elle va, pour la première fois. La destination se profile devant elle.Les pompiers, un travail, et une passion qu’elle se surprend à se découvrir.
Des flammes chauffent ses jambes qui s’échappent, l’uniforme n’est plus un uniforme si ce n’est les vêtements qu’elle préfère, elle les porte avec fierté, avec honneur. L’envie de sauver des vies, d’éteindre des feux, étonnamment puissante, battant dans ses veines, éclairant son passage. C’est le métier qui lui convient et elle ne le changerait pas pour rien au monde. Des larmes lui brûlent parfois les joues, des peurs qu’elle ne partage avec personne, des cauchemars qui la font trembler et qui la laisse pantelante. Elle s’essouffle, mais elle ne s’arrête pas, elle continue d’avancer. Rien n’est parfait, et l’adrénaline est sa drogue, son plaisir, sa seule raison de vivre pour un instant. Le plaisir inconcevable d’enfin être installé la fait porter ses pas plus facilement, dénoue ses muscles trop sollicités. Mais elle ne connait pas toute les directions, pas toute encore. Sa main est trop vide, trop délaissée, ses pas qui résonnent seuls sur le pavé jouent une mélodie qui ne lui plait pas. La solitude pèse sur ses épaules, comme un poids de plus en plus lourd à porter. Les rires, les sourires de ses amis ne suffisent pas, qu’une éponge face à un océan. L’obscurité de son minuscule appartement est trop noire, elle est aveugle et la direction se floue, ses pas se perdent, sa course ne fait plus de sens pendant un instant. Pourquoi? Mais les sourires qu’elle croise ne lui suffisent pas. La solitude devient son ennemie et son amie, elle est toujours là, même lorsqu’elle ne la veut pas. Elle peut rentrer aussi tard qu’elle le veut, elle l’attend patiemment à la ligne d’arrivée, dans le creux des fantômes d’une famille nombreuse et d’un entourage constant. Elle n’avait jamais appris à vivre comme ça, elle n’avait jamais eu à subir le silence d’une maison trop vide. Parfois, elle se surprend à être heureuse d’entendre son voisin chercher ses clés dans son sac devant la porte. C’est là qu’elle comprend qu’elle est trop seule, qu’elle peut s’enfuir comme elle veut et courir dans l’autre direction, ça ne sert à rien. Elle ne rentre presque plus chez elle. Ses pas court, court, mais ils ne savent plus où aller. Tout est une impasse. Un labyrinthe sans sortie.
Elle croise ses grands yeux marron qui lui rappellent ceux de sa mère et tout de suite elle sait. Il a la gentillesse et la douceur qu’elle n’a jamais eue. Il a le cœur sur la main, là où elle ne l’a pas. Il lui sourit, même lorsqu’elle ne croit pas mériter un sourire. Il la regarde comme si elle avait accroché la lune et il arrive à faire fondre les impasses autour d’elle. Elle ne comprend pas vraiment, comment tout ça arrive, comment un beau matin, ses pas sont coordonnés à ceux de Charlie et qu’elle a vingt-sept ans, une relation stable et une personne qui l’attend lorsqu’elle rentre tard le soir. Elle ne sait pas pourquoi il arrive à la faire sourire lorsqu’elle ne croit plus en rien et pourquoi lorsqu’il la tient dans ses bras, son esprit se ferme pour un instant. Il l’accepte comme elle est, et peut-être bien que c’était ça qu’elle cherchait. Avec lui, il n’y a jamais de questions qui se posent. Elle ne sait pas exactement où ils vont, mais leurs pas s’assemblent, leurs mains s’accrochent l’une à l’autre et ils s’encouragent lorsque des pentes se présentent. Elle n’est pas certaine qu’elle est amoureuse, elle n’est pas certaine qu’elle croit en l’amour, mais elle sait qu’elle l’aime d’une certaine façon et que ses boucles blondes, son sourire niais, ses blagues souvent idiotes suffisent à amener un peu de soleil dans ses journées. Puis, ils font plus qu’attacher leurs mains ensemble, ils la marquent, elle lie une bague à son doigt, elle montre au monde entier qu’elle est attachée à quelqu’un… et ça la remplit de joie. La solitude est loin derrière eux, leurs pas s’échappent d’elles, ils s’enfuient ensemble. Un appel, un matin, tandis que leurs pas ralentissent, commencent à s’installer à un rythme confortable, leurs muscles se détendent, leurs poumons expirent. Une proposition, un meilleur boulot, une plus belle ville, plus d’argent. Une place qu’il est urgent de combler, une mutation dans une autre ville. Elle n’a pas envie de dire non, et il accepte de la suivre. Ils courent, ils courent ensemble. Le vent frappe leur visage, emmêlent leurs cheveux, emplit leurs poumons. Ils courent, mais ils savent où ils vont, ils ne sont pas seuls. Leurs pieds affrontent le pavé, leurs passés dans leurs valises, leurs histoires dans leurs têtes. Elle en a plus à raconter qu’il est possible d’écrire, mais chaque lettre à sa signification, chaque journée est une brique dans les fondations de ce qu’elle est aujourd’hui. Cette fois, ils ont une destination. Cette fois, elle sait vraiment où elle va. Reste à savoir si c’est vraiment là qu’elle veut être.