« Callie, allez, dis-moi ce que c’est.» L’aînée Hawkins me lança un regard malicieux et secoua doucement la tête avant de retourner au livre qu’elle était en train d’étudier pour l’école. Je soufflais doucement, et boudeuse, je croisais les bras, refusant de quitter sa chambre.
« Dis-moi juste si je vais aimer.» Noël approchait, et comme chaque année, nous étions excitées comme des puces, surtout moi vu que Callie était un peu plus grande et plus sage. Et puis surtout, en général, elle savait ce que j’allais avoir comme cadeau, donc elle en profitait pour me narguer.
« Je sais pas, je pense que oui. Je suis même certaine que tu vas adorer.» Je poussais un petit cri mais elle me fit signe de baisser d’un ton. Nos parents étaient à côté, et il ne fallait pas qu’ils se doutent qu’on était déjà en train de parler de nos cadeaux.
« J’ai tellement hâte Callie, j’espère qu’il va neiger. Tu te souviens l’an dernier, on avait pu faire des batailles de boules de neige.» Callie sourit et hocha la tête :
« Oui, on pourra même faire de la luge.» Je m’imaginais déjà, vêtue de ma doudoune rose vif dévaler les pentes du parc voisin de notre quartier avec ma sœur et mon meilleur ami, Ezechiel.
« Oh oui, comme l’an dernier. Zek va encore vouloir me faire tomber dans la neige.» Callie sourit et m’ébouriffa les cheveux gentiment :
« Bon allez, file faire tes devoirs avant que maman ne crie.» Je souris à ma sœur et hochais la tête avant de filer dans ma chambre. Callie n’avait que quelques années de plus que moi, mais elle était toujours très maternelle et protectrice à mon égard. Je me reposais beaucoup sur ma sœur, clairement, et j’aimais plus que tout être avec elle.
* * *
« Camii ! » Je sursautais en entendant une voix grave l’appeler et je quittais mon lit dans lequel je bouquinais tranquillement pour me mettre à la fenêtre, entrouverte, qui laissait passer une petite brise automnale agréable. Zek se tenait en bas et il me fit un signe de main en m’apercevant.
« Descends vite, je dois te montrer quelque chose.» Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire et je hochais la tête :
« J’arrive ! » J’enfilais un pull par-dessus le top un peu trop léger que je portais et j’enfilais un pantalon pour couvrir le short de velours noir que je portais toujours quand je traînais chez moi et je quittais ma chambre, claquant la porte au passage.
« Camilla ! La porte ! » Ma mère avait passé la tête par la porte de la salle de bains où elle terminait de nettoyer.
« Courant d’air, mam ! Désolée ! » « Tu sors ? » Je hochais la tête en souriant :
« Pas longtemps, Zek m’attend en bas. Je ne rentre pas tard.» Ma mère esquissa un sourire en haussant les épaules. J’avais à peine 16 ans, et je grandissais à la vitesse de la lumière, et elle se rappelait encore de la petite gamine que j’étais il y a encore quelques années.
« D’accord mon bébé, embrasse Zek pour moi.» Je grimaçais en entendant ce petit surnom, je trouvais ça tellement ridicule, surtout qu’elle ne se donnait même pas la peine de cacher ce surnom lorsque je ramenais des amis. Mais, par affection pour ma mère, je ne disais rien, me contentant de sourire gentiment.
« Je lui dirais ! » Zek était presque de la famille. Il était mon voisin, mon meilleure amie depuis que j’avais 6 ans. Bizarrement, il avait l’âge de Callie mais c’était moi qu’il appréciait le plus, et nous étions rapidement devenus inséparables. Nos parents avaient appris à se connaître aussi et ils s’entendaient plutôt bien, riant ensemble en imaginant leurs enfants finir leur vie ensemble, ce qui nous faisait grimacer à chaque fois. Je sortis de chez elle et retrouvais le blond qui trépignait devant la porte d’entrée. Je déposais un baiser sur sa joue avant de le regarder :
« Qu’est-ce qu’il y avait de si important qui pouvait pas attendre demain ? » Bon, il n’était pas si tard que ça, à peine 19h, mais j’avais une faim de loup et mon père avait préparé ses célèbres lasagnes. Impossible de les rater. Même Callie qui était parfois difficile les adorait.
« Tiens ! » Il lui tendit un petit paquet et je m’en saisis, surprise.
« Bah … Pourquoi un cadeau ? » Il haussa les épaules en lâchant un petit rire malicieux.
« Je ne t’ai toujours rien offert pour ton anniversaire … Et c’était il y a 6 mois ! Il fallait bien que je me rattrape.» J’éclatais de rire et secouais la tête :
« C’était pas la peine Zek ! Mais je t’avoue qu’un cadeau entre mon anniversaire et Noël, c’est juste parfait.» Je défis avec impatience les liens rouges et dorés du paquet et découvris un petit carnet avec une superbe couverture en cuir vieilli rose. Je le brandis, un sourire radieux sur le visage.
« Oh merci ! Il est parfait ! Je l’adore.» Il sourit et tapota maladroitement mon bras :
« Je savais qu’il te plairait, tu passes ton temps à râler parce que tu n’as plus de journal intime.» Je souris et déposais un baiser sur la joue de mon meilleure ami :
« Tu es le meilleur ! Pour la peine, je t’invite à dîner ! Mon père fait ses lasagnes. Et Callie sera ravie de te voir, elle t’adore tu sais bien. » « Tant que c’est pas toi qui cuisines, ça me va ! » Il rit, moqueur et je lui donnais un coup dans l’épaule. Il faisait référence à une soirée où laissés tous les deux pendant que nos parents sortaient, je m’étais essayé à la cuisine. Un échec cuisant …
* * *
Je dansais sur la piste, indifférente aux regards qui s’attardaient sur ma silhouette parfaite, mise en valeur par une petite robe bien trop courte rouge incendiaire. Je me laissais porter par la musique, un verre à la main, sûrement déjà un peu pompette. Je sentis deux mains attraper mes hanches et je me retournais brusquement, faisant face à Zek. Un sourire de soulagement se dessina sur mon visage et je posais mes mains sur le torse du jeune homme.
« Danse avec moi Zek, s’il te plaît ! » « Certainement pas, tu as beaucoup trop bu. Je te ramène chez toi avant qu’un autre homme t’enlève. Tu es beaucoup trop sexy dans cette robe.» Je le dévisageais, joueuse et haussais les épaules :
« Tu ne m’as jamais dit que tu me trouvais sexy … » Je ris doucement et m’accrochais à son cou.
« Allez viens on danse et après promis, je te laisse me ramener.» Je le suppliais du regard et il soupira, se mordant doucement la lèvre avant d’abdiquer. Il avait souvent du mal à me refuser quoique ce soit, je le savais bien.
« Bon, ok, une foutue danse et on y va.» Je sautillais un peu mais ses mains sur mes hanches me pressèrent un peu plus, me forçant à rester immobile. Je soupirais et posais ma tête contre le torse du blond, et il laissa ses mains dériver dans mon dos. La musique s’était adoucie et j’appréciais un instant le calme de ce moment. Quand les dernières notes de musique parvinrent à nos oreilles, Zek s’écarta, presque brusquement.
« Allez, on y va, Cami.» Je hochais la tête, sagement et j’attrapais la main qu’il me tendait. Je n’avais même pas encore 19 ans, mais on me laissait déjà rentrer sans souci depuis plus d’un an. Un sourire et un décolleté pouvaient tout changer ! Zek me tendit un casque et il m’aida à monter sur sa moto avant de monter à son tour.
« Accroche-toi bien surtout, tu n’as pas la tenue idéale pour te casser la gueule. Ta robe est déjà presque inexistante, si en plus elle se déchire … » Il semblait moins tendu que dans la boîte et je haussais les épaules en riant :
« Cette robe est parfaite, allez démarre, je commence à avoir froid.» En moins de vingt minutes, nous étions arrivés et Zek m’avait raccompagné jusqu’à son perron.
« Fais pas trop de bruit, sinon tes parents vont te tuer.» Il rit doucement et je hochais la tête, riant avec lui. Soudain, sans que je ne comprenne vraiment, ni comment, je me retrouvais plaquée contre le mur, les lèvres de Zek attrapant les miennes, avidement. Je répondis à son baiser, passant les bras autour de son cou et collant mon corps au sien, musclé, puissant. Finalement, il mit fin au baiser après quelques instants, essoufflé, et il secoua doucement la tête :
« Bonne nuit, Cami.» Il disparut, regagnant rapidement la maison de ses parents, tandis que je restais là, interdite, encore sous le choc de ce baiser inattendu. […]
« Pour hier … Oublie, hein ? J’avais trop bu et … » Gêné, Zek se tenait appuyé sur le mur de ma chambre tandis que j’avais pris place sur son lit à lui. Je hochais doucement la tête. Je m’étais réveillée le lendemain, un peu après 12h, les idées vaseuses mais ce baiser bien en tête. Et je ne comprenais pas. Tout ce que je savais, c’était qu’il mentait. Zek ne conduisait jamais la moto quand il avait trop bu, et encore moins avec moi en passager. Il avait perdu un ami dans un accident de moto et depuis, il s’était assagi à ce niveau-là, ne prenant aucun risque.
« T’en fais pas, c’est déjà oublié, j’étais complètement morte hier ! » parvins-je à répliquer joyeusement, un signe de main pour accompagner mes paroles. Il hocha la tête et retrouva son sourire. Après tout, s’il voulait oublier, qu’il oublie. C’était sans doute mieux ainsi …
* * *
« Flic, toi ? T’es pas sérieuse, Cami.» Je vis une ombre passer dans son regard mais je me contentais de secouer la tête en riant :
« Oui, j’ai abandonné l’idée du droit, je rentre en école de police la semaine prochaine.» Je venais de finir mes études de droit mais j’avais renoncé au barreau et avais choisi la police. Mes études de droit me permettraient de monter rapidement en grade.
« Je te vois pas flic du tout.» Il ébouriffa doucement mes cheveux et je lâchais un petit rire en haussant les épaules.
« Bon, j’y vais, je rentre.» Je commençais à m’agacer, Ezechiel et moi, c’était toujours fusionnel mais nous nous disputions beaucoup ces derniers temps. Et savoir qu’il se moquait de moi sur mon avenir, ma décision me touchait plus que je ne voulais le laisser paraître. Il attrapa mon bras et me força à lui faire face.
« Arrête, Cami, reste un peu.» Je sentis sa main glisser sur ma hanche et un frisson me parcourut. Et lorsque ses lèvres trouvèrent les miennes, je ne m’y opposais pas. J’avais 26 ans, et je n’aurais jamais pensé tomber dans les bras de mon meilleur ami et pourtant … Ca nous pendait au nez mais on s’efforçait de ne pas le remarquer. Et il y a trois semaines, après une soirée bien arrosée, nous avions fini la nuit ensemble. Après deux semaines sans se parler, gênés l’un et l’autre, nous avions fini par provoquer une discussion, et nous avions de nouveau fini dans les bras l’un de l’autre. Au fond, j’avais toujours été amoureuse de lui, je le savais. Je voulais juste éviter de briser notre amitié.
« Juste un peu.» Je lui souris et je glissais mes mains dans son dos, le laissant m’enlacer. J'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais.
[…] « Zek… Mais … » Je me figeais face à mon petit-ami et il posa doucement son doigt sur mes lèvres avant de disparaître dans la nuit. Je restais là, incapable de bouger, incapable de lui courir après alors que j’étais censée l’arrêter. Mais, je ne pouvais rien faire, j’étais incapable de croire que c’était Zek, Zek qui venait de braquer une banque.
« Qu’est ce que tu as foutu Hawkins ? » Je me tournais vers mon coéquipier, responsable aussi de mon équipe. J’étais flic maintenant depuis 2 ans, et il m’avait pris sous son aile depuis mon arrivée.
« Je … Je suis désolée, c’est … C’est quelqu’un que je connais, mais s’il te plaît, je peux pas le dénoncer, pas comme ça. Je …» Il posa sur moi un regard interrogateur mais on fut coupé par un autre flic.
« On a chopé trois sur quatre. » « Le quatrième a fui, emmenez déjà ces trois-là au commico.» Il posa sa main sur mon avant-bras, et je le remerciais d’un signe de tête. Sitôt la fin du service, je me précipitais chez Zek, chez qui j’habitais maintenant depuis plusieurs mois.
« C’était quoi ce délire ?? » Il était dans le canapé, l’air fermé, et son regard se posa sur moi.
« Zek, parle-moi. S’il te plaît. J’aurais pu être suspendue, je t’ai laissé partir. Explique-moi.» Il se leva et il fut près de moi rapidement :
« C’est ma vie, Cami. Je t’en ai pas parlé avant, et je ne peux pas le faire, mais je suis ce que je suis, et je stopperai pas.» Je me figeais et secouais doucement la tête :
« Dans ces cas-là, c’est moi qui arrête. Je pars, Zek. C’est fini.» Je ne pouvais décemment pas sortir avec un mec qui braquait des banques. Mon responsable avait été clair, il avait passé cette fois, mais si je ne voulais pas être suspendue, je devais mettre fin à cette relation. Et Ezechiel avait été parfaitement clair. Sa vie, c’était la pègre, pas moi. Je claquais la porte de l’appartement, furieuse et blessée. Dire que je pensais le connaître par cœur, et au fond, il n’était qu’un étranger.
* * *
« Je suis contente, tu as l’air plus heureuse depuis que tu es avec Aaron. » Je souris à ma sœur, Callie s’était inquiétée pour moi après ma rupture avec Zek surtout que je n’avais pas été très claire avec. J’avais prétexté une grosse dispute et des points de vue divergents sur notre histoire, mais elle avait rapidement vu qu’il y avait autre chose. Mais je ne pouvais rien dire. Et presque un an après, j’avais retrouvé l’amour dans les bras d’Aaron. Un ami que ma sœur m’avait présenté. Il était doux, gentil, attentionné.
« Oui, je me sens mieux.» Je lui souris et je déposais un baiser sur la joue de ma sœur avant de quitter son appartement. Nous étions toujours aussi proches, et heureusement qu’elle était là pour moi. Je rentrais rapidement chez moi et pénétrais dans mon appartement.
« Salut poupée.» Je me figeais, j’avais reconnu la voix de Zek.
« Qu’est ce que tu fous-là ? » « Tu me manquais bébé.» Il s’approcha de moi et je le repoussais doucement.
« J’ai pas le temps Zek. Dégage.» « En fait, je comptais rester là quelques temps.»