Evan • Someday you will find me Caught beneath the landslide In a champagne supernova in the sky

VOTRE AVIS SUR LA VILLE DE WASHINGTON ✮ Il aime Washington, pour être tout à fait honnête il ne s’est jamais sentit aussi bien dans une ville. C’est différent de celle dans laquelle il a grandi, certes, mais ça ne manque pas de charme et puis c’est plus grand et diversifié alors forcément, pour un gamin qui a grandi dans un trou paumé il était en quelque sorte prédestiné à se retrouver dans une grande ville. Il aime Chatham, ne lui faites pas dire ce qu’il a pas dis, et il y a de nombreux très bons souvenirs, mais disons qu’il est un citadin dans l’âme et pas un campagnard paumé. Aussi quand il a eu l’occasion de partir à l’université de droit de Washington, il a pas hésité une seule seconde. VOTRE MEILLEUR ET VOTRE PIRE SOUVENIR ✮ Son meilleur souvenir est, dans un sens, assez puérile mais c’est le premier qui lui vient surement en tête si on lui pose la question. Il s’agit de la naissance d’Arthur. Parce qu’il avait huit ans quand son petit frère est né et que ses parents étaient tellement fatigués entre le nouveau-né et les autres gamins, qu’ils ont un peu oublié de surveiller Evan qui en a largement profité pour vivre sa vie dans son coin, en faisant l’école buissonnière, principalement parce qu’il a réalisé que ses parents ne se fâchaient pas en le voyant sur le canapé du salon à onze heure du matin un jour d’école, sans doute qu’ils le remarquaient pas vraiment. Ca a tout de même mal fini, surtout pour son matricule mais c’était bien le temps que ça a duré.
Son pire souvenir.. Sa première affaire. Il était pas prêt en fait, il a été pris de nausée comme pour un exam de fin d’année et il a vomi en plein milieu de sa plaidoirie. On a découvert plus tard que c’était en réalité parce qu’il faisait une crise d’appendicite, mais sur le coup je peux vous dire que si réputation il avait, réputation il a perdu. Autant dire qu'il travaille encore d'arrache-pied aujourd'hui pour redorer son blason. JUSQU'OU SERIEZ VOUS PRÊT A ALLER POUR SAUVER UNE VIE ✮ Très franchement, ça dépend de la personne à sauver. Selon s’il déteste l’autre il aurait tendance à dire que si sa maison crame il ira pas user de l’eau pour éteindre le feu mais plutôt de l’huile pour attiser les flammes. Ensuite les gens qu’il aime n’ont jamais été dans un pétrin tel qu’il a du intervenir pour les en sortir, donc il ne sait pas tellement. Sans doute que si c’est un membre de sa famille il serait prêt à n’importe quoi, comme donner un de ses organes ou autre. Il y a jamais vraiment réfléchis, c’est comme son testament, ça fait trois mois que le papier traine sur son bureau et il l’a toujours pas rempli alors.. AVEZ-VOUS DEJA PERDU VOS MOYENS AU COURS D'UNE INTERVENTION ou AVEZ VOUS DÉJÀ ÉTÉ IMPLIQUE DANS UNE HISTOIRE AVEC LA POLICE ✮ Oui mais techniquement c’était pas lui en tort, il allait juste récupérer son petit frère au commissariat après qu’il se soit fait arrêter pour excès de vitesse. Evan est pas assez stupide pour s’être fait choper dès qu’il commettait une infraction, ça l’empêche pas d’être tendu chaque fois qu’il voit un policier. LA PIRE CHOSE QUE POURRAIT FAIRE OU ETRE VOTRE VOISIN ✮ La pire chose qu'un voisin pourrait faire à Evan ça serait de pas ramasser son journal devant sa propre porte et de les laisser s'entasser les uns après les autres.. Ca aurait de quoi franchement le rendre malade.. Faut dire qu'il a comme un petit problème avec le bordel, du moins chez les autres parce que chez lui ça le dérange pas.. 20 CHOSES A SAVOIR SUR VOUS ✮ Evan est l’aîné d’une fratrie de six, un rôle particulièrement difficile auquel il a eu du mal à se faire + Il est extrêmement bordélique, c’en devient presque insupportable mais lui ça le dérange pas, c’est le bordel des autres qui l’embête + Arthur est son frère préféré mais il veut pas l’admettre à haute voix, c’est un peu pour ça qu’il est beaucoup plus agaçant et embêtant avec lui + Il a un animal de compagnie particulier; un furet qui s’appelle Jekyll, et qui aime jouer dans le bordel ambiant de l’appartement d’Evan + Il boit trop, surtout en soirée, et est à l’origine de bon nombre de jeux de boissons débiles et autres âneries qu’on peut faire une fois bien imbibé + C’est un fan de sport, particulièrement de rugby, ses voisins doivent d’ailleurs supporter de l’entendre hurler devant son poste de télé quand y a un match + Il voulait pas devenir avocat au départ, c’était surtout pour se tirer de chez lui qu’il a tenté le droit à l’université de Washington, avant de découvrir qu’au final c’était génial + Evan n’a jamais eu de chance en amour, il a aimé certes, mais ça finit toujours par capoter. Ca le fait marrer mais au fond il se demande s’il a pas un problème + Sa meilleure amie est une femme, Eileen, et même s’ils ont tendance à coucher ensemble, c’est clair pour lui - comme pour elle d’ailleurs - qu’ils sont juste extrêmement complices et amis, rien de plus + Il ne l’a jamais dis mais sa place d’aîné l’a toujours mis très mal à l’aise, et il n’a jamais vraiment été doué pour aider ses cadets + Il est allergique à l’arachide, un drame parce qu’il adore le beurre de cacahuètes en plus + Ce n’est pas un génie mais il est très intelligent, surtout parce qu’il sait comment combler ses lacunes + Evan s’adapte très bien aux situations en tout genre + Il a failli se faire pincer, dans l’adolescence, alors qu’il pissait sur le mur du commissariat de Chatham. Finalement il a réussi a pas se faire attraper + On peut même dire qu’il a une chance de cocu, il serait en couple il se poserait des questions + Evan lit énormément, tout un pan de mur de son appartement est habillé d’étagères à deux doigts de craquer sous le poids des bouquins + Il doit porter des lunettes pour lire ou regarder la télé, ça l’agace parce qu’il ne les supporte pas + C’est un fan du groupe Oasis, il a tout les albums, des tonnes de posters et des dvdd de concerts. Il aurait voulu être Noel Gallagher + Il a appris la guitare quand il avait vingt ans, cette dernière traine désormais dans un coin de sa chambre, couverte de poussière + Il fume beaucoup trop, mais il se dit que quitte à mourir d’un truc, autant l’avoir choisi + Sa mère continue d’exercer sur lui une certaine influence, enfin pour dire la vérité elle lui fait toujours aussi peur quand quand il était gamin + Il aime les expériences culinaires + Son acteur fétiche est Alan Rickman

I. I need to be myself I can’t be no one else. I’m feeling supersonic.
Oasis

1995.

« Mais enfin, Evan ! » L’intéressé se tenait droit dans la cuisine, les mains dans le dos, incapable de rester immobile à se balancer d’avant en arrière, surtout en arrière pour essayer de mettre de la distance parce que sa mère ne plaisantait pas. C’était dans la façon qu’elle avait d’accentuer le E, d’allonger le a et de ponctuer sur le n avec fermeté; il allait passer un sale quart d’heure. Ce n’était pas rare comme situation, mais pour une fois il n’avait aucune idée de ce qu’on allait lui reprocher, alors qu’en général il arrivait à peu près à savoir pour quelle ânerie il s’était fait pincer. « Tu es inconscient ou quoi ? Il aurait pu se faire beaucoup plus mal que ça !  » Se penchant sur le côté, Evan put remarquer que Thomas était assit sur sa chaise à pleurer toutes les larmes de son corps, une trace rouge sur le front et le genou. Fronçant les sourcils le gamin voulut s’insurger, se défendre, expliquer qu’il n’était en rien responsable des blessures de son petit frère mais sa mère levait déjà la main pour le couper dans son élan. « Tu étais supposé le surveiller ! Qu’est-ce qu’il te passe par la tête, je me le demande des fois ! Tu es l’aîné Evan, j’attends de toi que tu agisses comme tel ! Quand je te demande de surveiller ton petit frère, ou tes soeurs, je veux pouvoir compter sur toi et pas te retrouver le nez sur ta gameboy dans le salon !! » Et elle agitait l’index tout en s’énervant. Comme tout garçon de son âge, Evan se concentra donc plus sur le doigt qui se secouait dans tous les sens que sur ce que sa mère pouvait réellement lui reprocher. De toute manière il avait l’habitude, ce n’était pas la première fois qu’elle lui faisait ce sermon, parce que ce n’était pas la première fois qu’il manquait à son rôle. On en attendait trop de lui, parce qu’il était le premier de six enfants alors qu’au fond il avait jamais demandé tout ça, il avait pas désiré être l’aîné, ça ne l’enchantait pas plus que ça qu’on fasse le tri dans ses affaires pour les donner aux plus jeunes, ça le rendait triste qu’on récupère ses jouets pour les donner au dernier. Il n’avait que onze ans mais il avait cette sensation persistante qu’on le dépouillait de ses biens pour le plaisir des plus petits et, pour lui, il y avait comme une injustice qu’il était incapable de clairement définir. « Donne moi ta gameboy. Tu es puni, pour une semaine. Maintenant file dans ta chambre, tu dois avoir des devoirs pour l’école ! » et la tête baissée, il obéit en déposant l’appareil au creux de la main de sa mère avant de sortir de la cuisine pour revenir, pencher la tête dans l’encadrement de la porte. « C’est pas juste ! T’es qu’une méchante sorcière ! Je le dirais à papa ! » la langue tirée il déguerpit au plus vite vers sa chambre pour s’enfermer, devinant déjà qu’il n’échapperait surement pas à la fessée dès qu’il croiserait à nouveau sa mère. Tant pis, il ne descendrait pas manger ce soir.

1998.

Elle était entrée dans sa vie comme une tornade, elle avait tout détruit pour reconstruire en mieux, en partant sur de meilleures bases, en repeignant les murs. C’était arrivé si naturellement qu’aucun des deux n’arrivaient précisément à dire quand leur amitié avait débuté, surement parce que pour Evan elle avait toujours été là, même quand ce n’était pas le cas. Eileen lui donnait la sensation d’avoir toujours été présente dans sa vie, de l’avoir toujours connu, et ce même à l’époque où il n’avait encore aucune idée de son existence. Lui qui avait toujours crié qu’il ne serait jamais ami avec des filles, principalement parce que c’était nul une fille, quand il était gamin il avait laissé la jeune fille entrer dans son monde et il devait admettre ne pas avoir regretté son choix. C’était sa bulle d’air, sa sortie de secours; avec elle il n’était qu’Evan. Juste.. Evan. Pas l’aîné, pas l’exemple, pas le protecteur. Il n’avait pas à faire ses preuves pour mériter l’amitié d’Eileen, comme il devait se battre pour obtenir le respect ou la confiance de ses parents en prenant soin des plus jeunes. Et voilà qu’on la lui prenait. « J’ai pas le choix tu sais … sinon je serai restée ici.. » mais pour lui c’était faux, il ne comprenait pas, n’en avait pas envie, et pendant plusieurs jours après son départ il s’enferma dans un mutisme punitif. Sans elle dans son monde, il redevenait l’autre, l’entité qui hantait les murs de la maison et ne devait prendre forme humaine et vie que pour rendre service, que pour empêcher les jumelles d’ennuyer Arthur, pour récupérer Thomas à la sortie de son entrainement de foot. Ses parents n’avaient sans doute pas réalisé le poids qu’ils lui déposaient sur les épaules, il n’avait jamais vraiment été un enfant, obligé très vite de se débrouiller, de s’occuper des plus jeunes pour aider. Pour les autres cette partie de l’histoire était inconnue, ils se contentaient surtout d’être mécontent en récupérant les anciennes affaires d’Evan, sans comprendre ce que lui aussi devait sacrifier pour eux. « Vous me faites chier », avait-il fini par lancer un soir, à table, alors que sa mère préparait le planning de la semaine à venir et donc s’apprêter à donner à chacun une mission ou un rôle à tenir. Ce n’était pas tant le fait qu’il avait enfin fini par parler, après son long mois de silence, que la vulgarité dont il agit fait preuve qui avait surpris. On l’avait regardé sans ciller, trop étonné, se lever de table et rejoindre sa chambre où il s’était enfermé; seul endroit de la maison où il pouvait se sentir un minimum tranquille.

2003.

« Tu es sûr de toi Evan ? On a une très bonne université ici aussi, tu sais.. » Il avait profité d’une journée de repos de son père pour proposer une sortie entre eux deux, afin de pouvoir discuter sans être interrompu. Assit à la terrasse d’un petit restaurant de quartier, il déposa sa fourchette et plaqua sa main sur sa bouche pour finir de mâcher avant de vider son verre d’eau. « Oui mais ils ont pas la filière que je veux. Celle de Washington est vraiment très bien, ils ont une très bonne réputation alors si je veux vraiment réussir tu comprends. Tu veux que j’ai un bon avenir non ? Maman et toi vous voulez que je m’en sorte bien n’est-ce pas ? » il y allait au flan, à l’esbroufe, parce qu’en réalité il n’avait aucune idée de ce qu’il désirait pour son propre futur; la seule chose qui lui paraissait évidente c’était qu’il lui fallait partir. Il n’était pas malheureux, chez les Fisher de toute manière il n’y avait pas de telle atmosphère mais Evan était épuisé de devoir jouer les adultes avant d’en être un aux yeux de la loi. On l’avait fait grandir trop vite et il regrettait beaucoup, c’était pourquoi il faisait appel au bon sens de son père pour qu’il puisse ensuite raisonner sa mère sans que cela éclate en dispute. Evan n’avait jamais compris ce besoin de sa génitrice de toujours hausser le ton quand ils se parlaient, à croire qu’elle cherchait constamment à asseoir sa supériorité et, quelque part, il se doutait que c’était pour le rendre plus fort, pour lui offrir les armes afin de se défendre en société mais parfois il regrettait de ne pas avoir la liberté des jumelles. « Bien sûr Evan ! Je sais que ta mère est dure avec toi, mais c’est pour ton bien qu’elle l’est. Elle veut que vous réussissiez.. Ecoute je lui en parlerais ce soir, de ton côté renseigne toi, prépare les papiers qu’il faut. Bon on devrait se dépêcher si on veut pas rater notre séance ! » et en quittant le restaurant, Evan arrêta son père pour le prendre dans ses bras, lui d’ordinaire peu démonstratif. […]
Il lui sembla, en posant le pied à la gare de Washington, que c’était la première fois qu’il prenait réellement une bouffée d’air frais. La main de son père s’était posé sur son épaule alors qu’il lui faisait signe d’avancer; il avait insisté pour l’accompagner et l’aider à s’installer à la résidence universitaire. C’était le premier à quitter le foyer, ce n’était pas une réelle surprise, mais il avait bien senti que son départ chambouler quelque peu l’ordre des choses, même si la seule réflexion à laquelle il avait eu droit était venu de Thomas et les jumelles se disputant pour savoir à qui reviendrait sa chambre. Malgré tout, Evan sentit l’angoisse le prendre aux tripes mais plutôt que de lui donner envie de reculer, il se sentit la force d’avancer tout droit. Il allait être lui-même, et jamais de sa vie il ne s’était senti aussi heureux et léger.

II. 'm leaving all that I see. Now all my emotions fill the air I breath
Oasis

2009.

Il était revenu sur Chatham pour quelques jours, présenter sa copine de l’époque qu’il fréquentait depuis six mois. Ce n’était pas son idée à lui, évidemment, mais la sienne de l’accompagner alors qu’il rentrait chez ses parents en profitant du repos qu’on lui avait prescrit après son appendicite, et des semaines qu’il avait pris en plus. Il avait clairement déconné en évitant d’aller chez le médecin dès les premières douleurs, mais Evan avait une trouille bleue des cabinets médicaux, sans parler des hôpitaux; il partait d’une principe qu’il avait bien plus de chance de mourir en allant à l’hosto qu’en montant dans un avion, ce qui lui permettait d’être extrêmement détendu quand il devait s’envoler mais d’être pris d’une tremblote terrible quand il fallait faire des analyses au centre hospitalier. « Mais tu vas pas me laisser seule avec tes parents, j’vais leur dire quoi ? Et si on s’entend pas ? » son téléphone encore en main, Evan la regardait d’un air d’âne mort, sur le bord d’une autoroute, et haussa les épaules. « Parle du beau temps, de la pluie et des nains de jardin, ma mère aime bien les nains de jardin » et sans en ajouter il avait claquer la porte pour sauter dans sa voiture, les mains crispées sur le volant; Arthur allait se prendre une sacrée raclée. Parce que s’il y avait une chose qu’Evan détestait autant que l’hôpital, c’était le commissariat. Quelle idée il avait eu encore de faire le con comme ça. Et le pire c’était qu’Evan n’arrivait pas à savoir s’il était énervé pour son inconscience ou pour le fait de l’obliger à se déplacer. Surement les deux. Le mois allait être long, surtout s’il devait jouer les nourrices. « Tu fais chier. J’suis pas venu à la maison pour jouer les garde-chiournes, sérieusement. T’aurais fait quoi si j’avais pas été à la maison ? T’aurais appelé Thomas ? J’te jure, des fois j’me demande si t’es vraiment un génie. Si tu salopes ma bagnole je te préviens que tu la nettoie à la brosse à dents ! » Il aimait bien râler, plus pour la forme, quand Arthur avait besoin de lui, mais au final il devait admettre que ça lui gonfler l’égo d’être indispensable. Le regard sur la route, il ne put s’empêcher d’afficher un large sourire alors que son frère le priait de ne rien dire à leurs parents. « Ca marche.. A une condition; tu m’sers tout le mois où j’reste, tu fais mes corvées, tu laves mon linge, tu fais mon lit, tu me files ton dessert et en prime j’veux ton t-shirt de base-ball, le rouge là ! » il était sadique mais, après tout, c’était son rôle non ?

2013.

Il avait rencontré Cassie par le plus grand des hasards, à la sortie du tribunal où il avait du se battre pour faire enfermer un criminel, pour une sombre histoire de deal, et il n’était pas peu fier de sa réussite; tout avait résidé dans le témoignage du flic chargé de l’enquête, un certain O’Reilly. Autant dire que pour le coup, Evan avait bien rattrapé sa première affaire où il avait vomi devant les jurés. La journée avait commencé de manière très agréable, mais elle s’était avérée plus que parfaite quand cette nana un peu dans la lune lui était rentrée dedans, faisant voler ses papiers dans le couloir. Sur le coup il avait été fortement tenté de l’envoyer sur les roses, mais quand elle avait posé ses yeux verts sur lui, il s’était sentit mourir à petit feu. Tout en elle était charmant; ses cheveux roux qu’elle hésitait sans arrêt à attacher ou à laisser libre sur ses épaules, ses lèvres roses qu’elle pinçait dès qu’elle réfléchissait, sa manière de passer sa main sur sa joue quand elle souriait avec timidité. « Elle écoutait Oasis dans l’ascenseur ! » avait-il lâché d’un air rêveur en se vautrant sur le canapé d’Eileen, cette fois-là, pour soupirer d’un air énamouré. Cassie était parfaite. Cassie était drôle. Cassie avait une culture qui l’épatait dès qu’elle ouvrait la bouche. Cassie était distinguée. Cassie était « une pétasse » s’écria-t-il après deux mois, alors qu’elle lui avait posé un lapin pour la troisième fois, poussant le vice à l’ignorer alors qu’elle le croisait dans les couloirs du palais de justice. « Tu avais raison, elle est pas pour moi, franchement. En plus quand elle mâche, ça fait du bruit ça m’énerve, puis sa chanson d’Oasis c’est même pas Champagne Supernova. Elle aime le vert, je déteste le vert, tu l’sais toi hein Eile! Puis faut toujours qu’elle la ramène sur ses connaissances. J’aime pas les filles qui se la racontent. » C’était ça. Constamment. Une succession d’événements positifs et négatifs, s’entremêlant à chaque fois, un ascenseur émotionnel qui mettait Evan dans tout ces états. Ils n’arrivaient jamais à réellement se poser; dès qu’ils n’étaient plus ensemble ils trouvaient le moyen de retomber dans les bras de l’un de l’autre, incapable d’être séparés… mais dès qu’ils étaient ensembles, ils se déchiraient. « C’est la femme de ma vie », avait-il finit par lâcher, au bout d’un an de relation, sans compter les nombreuses ruptures, alors qu’il retournait chez Eileen pour une soirée Star Wars. Il était même prêt à faire sa demande, malgré que sa meilleure amie lui répétait que ce n’était pas bon pour lui de s’accrocher à une femme incapable de savoir si elle voulait ou non vivre avec lui. Il aurait du l’écouter.
La dernière rupture en date, la plus difficile pour Evan. Cette fois ce n’était pas d’un commun accord qu’il s’était séparé, c’était Cassie qui avait provoqué leur fin en le larguant, l’accusant d’être si imparfait, d’être si agaçant que c’était sa faute à lui si elle avait été voir ailleurs. Minable, il lui fallut un moment pour se remettre, au point qu’il rata quelques procès parce qu’incapable de se concentrer.

De nos jours.

Ses paumes sur les yeux il frotta ses paupières avec acharnement, le drap remuant à côté de lui. Il n’eut pas besoin de regarde qui s’agitait pour savoir, c’était Eileen. Depuis quelques semaines ils s’étaient lancés dans une sorte d’arrangement que certains auraient pu désigner de malsain, mais qui leur convenait. Ca ne l’aidait pas à oublier Cassie, il n’était pas dupe à ce point, mais ça aidait au moins à se libérer l’esprit, à se calmer quand il stressait avant un procès et surtout à se sentir moins seul les soirs où il n’avait pas forcément la patience de rester seul avec ses pensées. « Hé morue, tu veux un café ? » il envoya son coude dans le dos d’Eileen, tournée sur le côté, qui baragouina un oui un peu morne, visiblement mal réveillée. « Je prends ça pour une réponse affirmative. Par contre j’irais pas chercher des croissants, tu peux toujours crever la gueule ouverte hein. Me reste du pain j’crois, ou des biscottes. » Assit sur le bord du lit, il enfila un bas de survêtement et traina sa carcasse jusqu’à sa cuisine pour fouiller les placards; voilà une autre partie de son célibat qu’il détestait, les courses. « On devrait s’mettre en couple, sérieux.. T’irais au moins m’faire deux trois courses vite fait.. Peut être que si j’t’épouse tu me feras la cuisine ne prime.. » Il ne fut pas étonné de se recevoir un coussin sur l’arrière du crâne alors qu’Eileen émergeait pour s’asseoir au comptoir de la cuisine, visiblement encore endormi, ou presque. Attrapant la cafetière, il vida le liquide ambrée dans deux tasses, en déposa une devant la jeune femme et s’accouda en face d’elle, trinquant. « J’dois préparer une affaire… contre un client dont Cassie s’occupe.. Et j’dois passer voir Arthur à la morgue où il étudie, » il sirota son café en boudant avant de sourire à Eileen et son « à nos vies pourries mon gros.. Puis pour t'épouser pour le balai et la poêle à frire, non merci hein. Salop va, » non sans lui arracher une moue boudeuse sur la seule chose qu'il retint de la réflexion, « déconne pas, j’me suis remis au sport, ça s’voit quand même ! »