Feel the fear and the pain, let it all in, and then let it all go.

Le soleil tape sur le pare-chocs, ça lui fait plisser ses yeux au travers de ses lunettes un peu bon marché, mais il en a pas grand chose à faire trop occupé à écouter la voix fluette de la gamine assise à l'arrière. La côté responsable de la chose le fait même pas flipper, il a l'habitude des gosses, de remixer les règles à sa sauce quand elles lui plaisent pas trop, mais depuis qu'Emily est dans sa vie, il postule presque pour l'award du père de l'année. C'est pourtant pas son genre tout ça. De s'accrocher à des moments furtifs, à une réalité qu'a jamais été sienne. Et pourtant, ça le crève en un instant s'il se met à penser que ça peut s'arrêter d'un coup sec, qu'il peut perdre la fasse et la gamine avec. Et il est là, à la regarder parler dans sa barbe qu'elle a pas, refaire le monde en grand avec sa petite voix et ses rêves d'enfant. Elle lui rappelle Maya, sans vraiment qu'il sache pourquoi. Peut-être que c'est l'instinct de maman louve qui lui sort pas tous les pores de la peau, qu'il arrive pas à contrôler et qui finira sûrement par signer son arrêt de mort. Parce qu'elle a beau avoir son adn quelque part planqué au fond de sa petite carcasse, que ça soit flagrant qu'ils ont un lien de parenté parce qu'elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau, ça ne l'empêche pas de penser que c'est pas légitime pour lui d'être autant attaché, qu'elle peut sans doute avoir mieux et que ça craint pour elle d'avoir un flic bourru comme seule porte de sortie. Il a réussi à s'en convaincre depuis le temps, mais ça ne l'arrête pas pour autant. De toute façon, il en a trop fait, s'est trop investit pour la laisser sur le bord de la route maintenant. Alors il se gare, ouvre la porte arrière, sourire de gros ours sur la tronche qu'il n'arrive franchement pas à réprimer quand elle est dans le coin. Il les sent pourtant, les regards qu'on lui jette et il arrive pas à savoir si c'est parce qu'on le mate ou juste parce que les gens se disent qu'il y arrivera pas, que c'est de la connerie de laisser une si petite personne avec lui. C'est sûrement pas la deuxième solution, mais c'est ce qui le pense et ça le fait bouillir à l'intérieur. Il a jamais eu l'impression d'avoir fait un bon job avec ses propres gamins, enfin ses frères et la frangine mais c'est du pareil au même. Et le fait qu'il arrive pas à foutre la main sur Mason le bouffe de l'intérieur, tellement que ça en devient pesant.

Heey, alors alors ? Je peux jouer avec la sirène après l'école ?

C'est pas seulement sa voix qui le ramène à la réalité, c'est le fait qu'elle lui fait gigoter le bras en tirant dessus avec sa force de mouche. Ça le fait marrer, ça lui fait même pas peur comme ça devrait, le fait qu'il sait qu'il est capable de n'importe quoi pour elle, tout ça en l'espace de quelques mois. Il lui ébouriffe gentiment les cheveux et quand il reprend la parole, y a aucune dureté dans sa voix et tout les doutes qu'il peut avoir sont bien caché au fond de son crâne.

Ouais, seulement si t'es sage princesse, mais je doute pas de toi. Allez file.



Il l'accompagne quand même jusqu'à la porte, parce qu'il sait pas ce qu'il peut arriver en l'espace de deux pas, lui claque un bisous sur le crâne et fait signe au deux nanas qu' appartiennent à l'école, en bon père de famille. Il est sur de lui quand elle est dans le coin, sur de ce qu'il veut faire, près à tout pour qu'Evan bosse bien et qu'il ait enfin sa garde. Ça lui fait tout drôle de penser qu'elle pourrait être à lui toute entière, et en revenant jusqu'à sa bagnole, il a un sourire de pauvre gland sur la tronche. Son air change vaguement quand il lève la tête, lunette de soleil toujours sur la tronche, ce qui le rassure parce qu'on peut pas voir ses yeux qui brillent. Ca lui fait une belle jambe encore, que Bran soit dans le coin plus qu'il devrait. Il sait qu'objectivement il devrait pas le laisser faire, qu'un ex taulard toujours dans son pieu ou presque ça peut forcement que faire tache dans le dossier qu'il est en train de foutre sur pied, mais il arrive pas à faire autrement, il arrive pas a s'en détacher. Et c'est pire le fait qu'Emily lui saute au cou quand elle le voit, qu'elle lâche pas Bran d'une semelle quand il est là, comme pour lui signifier silencieusement que Mickey a pas intérêt de le jeter. Il en a pas l'intention et même si c'était le cas, il peut pas.

Dommage que les nichons, ça m'attire pas plus que ça hein ? A traîner comme ça sans gosses autour de l'école t'as conscience que tu fais un peu pervers ? Manque plus que le trench et les bonbons dans la poche, m'enfin je dis ça, c'est pas ma barbe qui doit franchement leur inspirer confiance

Et puis elles peuvent bien avoir des fantasmes à revendre, ce sera jamais un homme à femme. Même si coucher avec une lui a apporter Emily alors dans le fond, il va pas cracher dans la soupe mais bon. Il fout la clé dans la portière, tourne le dos à bran pendant une demie seconde, avant de lâcher, dans le vague, d'une voix un peu sur les nerfs comme s'il avait pas l'habitude.

T'es venu chercher ton gosse imaginaire ou t'as le temps d'aller bouffer un truc ?

Il se sent comme un débile, à lourdement et sans finesse lui demander presque un rencard, mais si bran est dans le coin c'est qu'il va pas dire non hein ? Puis merde, de ce qu'ils sont ils en parlent pas, faudra sûrement que quelqu'un se jette à l'eau avant que le bateau coule.